La Banque Mondiale via son Vice-Président pour la Région Afrique, M. Makhtar Diop arrive en éclaireur. Elle compte se rendre compte de l’impact du conflit afin de pouvoir au plus vite « financer des projets de développement ».
Oh des bonnes choses seront faites, mais c’est surtout encore une fois le pillage du Mali par les multinationales qui va repartir de plus belle. Comme l’a indiqué le Forum Civique Européen lors de son séjour à Mali, « la construction d’infrastructures n’a que pour but l’extraction bon marché des richesses minières de l’Afrique de l’Ouest pour les transformer loin de là ».
Ça valait bien une guerre, non?
« Simple visite de travail nous dit-on …
C’est en tout cas ce qu’indique elle-même la Banque mondiale, annonçant que le Vice-Président de pour la Région Afrique de l’établissement financier, M. Makhtar Diop, arrive le dimanche, 17 mars au Mali pour un séjour de deux jours.
Il convient tout de même de rappeler – même si cela ne constitue certes pas le thème officiel des discussions – que la Banque mondiale figure parmi les principales entités ayant financé la toute nouvelle route, le «corridor sud de l’Afrique de Ouest, Bamako-Dakar». Laquelle est destinée notamment à faciliter l’exportation des richesses minières de l’Afrique de l’Ouest. Richesses parmi lesquelles figurent l’uranium du Mali et du Sénégal et d’autres matières premières convoitées ..
Alors qu’il s’agisse d’une visite de travail, certes, mais d’une « simple » visite, c’est autre chose … alors même que le sous-sol du Mali est doté d’importantes ressources.
En tout état de cause, la Banque mondiale indique dans un communiqué qu’au cours de sa mission, M. Diop s’entretiendra avec le Président par intérim Dioncounda Traoré, le Premier ministre DiangoCissoko, des membres du gouvernement malien et les représentants des partenaires techniques et financiers au développement du Mali.
« La visite de deux jours de M. Diop lui permettra de toucher du doigt l’impact que la crise a eu sur la population et les institutions maliennes, de discuter des perspectives de paix et de réconciliation et d’échanger sur les grandes lignes de la stratégie de développement de la Banque mondiale pour le Mali et pour l’ensemble de la sous-région du Sahel, » a par ailleurs déclaré Ousmane Diagana, le directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Mali, la Guinée, le Tchad et le Niger.
Selon Ousmane Diagana, la Banque mondiale intensifiera son action en faveur de la reprise économique, la reconstruction du pays en mettant un accent particulier sur l’accès aux services essentiels de base.
L’établissement appuiera également les efforts visant à restaurer la confiance indispensable à un retour de la croissance induite par le secteur privé et à la création de plus d’emploi.
Fait notable : l’établissement mènera une action en vue de promouvoir la réhabilitation, reconstruction et réparation des infrastructures endommagées par le conflit. Histoire de s’assurer que la voie royale édifiée par et pour les grands groupes internationaux en vue d’acheminer les richesses du sous-sol maliens puissent rapidement devenir opérationnelle ? Qui sait …
La Banque mondiale indique pour sa part être l’un des partenaires principaux du Mali, avec un engagement total de 732,75 millions de dollars en faveur des projets de développement. Son portefeuille actuel de 13 projets nationaux et sept projets régionaux couvre des activités dans les domaines du développement rural, les services de base, l’énergie, le transport, les réformes institutionnelles et la décentralisation.
Parmi ces projets figure donc le «corridor sud de l’Afrique de Ouest, Bamako-Dakar» : liaison routière entre Dakar et Bamako réalisée par la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement, l’agence de développement japonaise, l’USAID, la Chine, la Banque Africaine de Développement, la Banque Islamique de Développement, les gouvernements du Sénégal et du Mali en coopération avec l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine dans le cadre du Programme d’action communautaire pour les infrastructures et le transport. Tout de même …
A noter que le corridor suit pendant des centaines de kilomètres le vieux tracé de la ligne des chemins de fer coloniaux, fermée récemment au public par la privatisation.
Une filiale de la société d’Etat des chemins de fer chinois – Covec-Mali – a réalisé le tronçon de route entre la frontière du Mali près de Kenieba et Bamako. Participe également au chantier l’entreprise de BTP Razel, laquelle appartient depuis 2009 au Groupe Fayat, premier groupe familial français, quatrième groupe du BTP dans l’hexagone, est actif dans plus de cent pays.
Selon l’Ambassade de France au Mali, en mars 2012, on pouvait en effet estimer que la France se situe comme 3ème fournisseur du pays, avec une part de marché de l’ordre de 13%, derrière le Sénégal et la Chine, omniprésente dans le BTP.
La société de travaux publics Dai Nippon Construction a construit quant à elle les trois ponts nécessaires (Balé, Bafing et Falémé) sur cette route vers Bamako. Le financement ? des sommes offertes par le Japon, via des crédits non remboursables.
Ce qui faisait dire en résumé à la délégation du Forum Civique Européen lors de son voyage au Mali que se voyaient ainsi réuni « des fonds en provenance d’Etats les plus divers réunis pour la construction d’infrastructures qui favorisent, pour des multinationales, l’extraction bon marché des richesses minières de l’Afrique de l’Ouest pour les transformer loin de là« . Ajoutant qu’il était « même question d’un projet de construction d’un port maritime à environ 60 km au sud de Dakar ».
Au début du mois de mars, Diène Farba Sarr, Directeur général de l’Agence nationale chargée de la promotion des investissements et des grands travaux (APIX) a indiqué pour sa part que le Sénégal allait poursuivre les grands chantiers laissés par l’ancien régime, en œuvrant surtout pour concrétiser de nouveaux projets, comme la Zone économique intégrée, le port minéralier de Bargny ou encore le développement des chemins de fer.
En 2012, le site survie.org indiquait pour sa part que » le Mali est pieds et poings liés aux demandes des multinationales » , ajoutant que le ministère des Mines, créé sous Alpha Oumar Konaré en 1995, au moment de la libéralisation du code minier et des réglementations en matière d’investissement sous l’impulsion de la Banque Mondiale, en était « l’instrument docile » .
Ajoutant : « en plus de la compromission des élites, le code minier malien ne prévoit aucune contrainte pour les compagnies minières en termes de responsabilité environnementale et sociale pendant la phase d’exploration et de prospection« . Une faiblesse législative rendant le sous-sol malien « extrêmement attractif » soulignait-il enfin. »
Source: Le Blog Finance
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