Banni de Google Actualités, condamné par la justice, le site AlterInfo assume déjà un petit passé derrière lui malgré la discrétion de son fondateur, Zeynel Cekici. Son credo ? L'antisionisme, qu'il revendique ouvertement.
Alterinfo, fondé par le Mulhousien Zeynel Cekici, se définit comme un média d'"info alternative". Son créateur n'a finalement pas souhaité nous répondre. Impossible, donc, d'en savoir plus sur le fonctionnement d'Alterinfo ou sur l'identité de son fondateur. L'homme reste visiblement discret sur Internet et dans les médias "traditionnels". Extrait d'un dossier publié en février 2009 dans L'Express :
"Se présentant comme une 'agence de presse associative', il [AlterInfo] revendique une centaine de contributeurs, ainsi que des partenariats avec des agences iraniennes, syriennes ou russes. Son but ? Donner la parole aux 'ignorés' des médias classiques. 'Nous n'avons aucun tabou, explique le fondateur de l'agence, Zeynel Cekici, d'origine turque. Quand on se donne pour mission de dire la vérité, il faut prendre des risques.' Quitte à porter la liberté d'expression au-delà des limites. 'Je suis en droit de me poser des questions sur les financiers qui étaient derrière les nazis', avance ainsi Cekici. Longtemps référencée dans les pages de Google Actualités, aux côtés des médias traditionnels, AlterInfo en a été bannie en septembre 2008."
Cette "agence de presse associative" traîne aussi, depuis 2009, une condamnation judiciaire de son fondateur à quatre mois de prison avec sursis pour provocation à la haine raciale, contestation de crimes contre l'humanité et diffamation raciale et religieuse.
Actualité, tribunes et appels à manifestation
Quant aux articles, ils varient entre sujets d'actualité (prix Nobel de la paix 2012 ), tribunes libres ou encore appels à manifestation (soutien à Laurent Gbagbo devant la CPI ). Mais les textes, qui sont quasi-systématiquement des reprises d'articles de journaux ou des écrits émanant d'associations ou de militants, ne sont, eux, que très rarement sourcés, comme dans cet article de santé. Problème de ce sujet : aucune preuve (qu'elle soit scientifique, institutionnelle, universitaire, associative…) de ces faits (le décès du Britannique, les "nombreux sites Internet" ou encore la mortalité de 30%) n'est apportée au lecteur, tant dans l'article initialement paru sur La voix de la Russie que dans la reprise qu'en a faite AlterInfo. Quid, dès lors, du recoupement des sources et de l'exactitude de l'information ?
Pourtant, 'Yves Ducourneau' écrivait en janvier 2011 (dans un article trouvé, entre autres, sur Agoravox et AlterInfo ) : "Moi qui me désespérais des journalistes et les imaginais tantôt paresseux, copiant-collant l’information chez le confrère au lieu de la vérifier par eux-mêmes [...] quelle satisfaction, donc, de vous voir en appeler à la 'responsabilité' du journaliste et à l’exactitude de l’information délivrée !".
Mais, dans l'article de santé précédemment cité, AlterInfo applique les travers ainsi dénoncés dans ses propres pages presque deux ans auparavant par 'Yves Ducourneau' : non-vérification et non-recoupement de l'information au profit d'un simple copier-coller. D'autant plus que, dans l'article 2 de ses statuts, AlterInfo se définit comme une "association [qui] a pour but de réunir les auteurs, écrivains, reporters et journalistes indépendants". Ainsi donc, si tous ne le sont pas, une partie des auteurs seraient des journalistes et des reporters ; le site serait donc un site d'informations qui devrait, par conséquent, appliquer ces principes et vérifier cette "exactitude de l'information délivrée".
"Nous sommes simplement antisionistes"
Mais revenons au jugement de 2009 pour, cette fois, analyser ce qui constitue le cœur de l'activité d'AlterInfo. En réaction à sa condamnation, Zeynel Cekici avait déclaré à l'époque : "On veut nous faire passer pour des antisémites, alors que nous sommes simplement antisionistes". Le positionnement d'AlterInfo est on ne peut plus clair. Le problème, sur ce site, c'est que la frontière entre les Juifs et le sionisme est parfois très fine. Pour ne citer que deux exemples : le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin (qui représente les habitants d'Israël, et donc les Juifs, religion majoritaire dans le pays), signataire des accords d'Oslo de 1991, est remplacé par "l'État sioniste " ; dans "Les Frères et le sionisme ", 'Ahmed Halfaoui' désigne clairement Israël par "entité sioniste". Certes, les Israéliens ne sont pas tous en accord avec la politique militaire israélienne, mais englober ainsi tout un État sous ce terme générique ne revient-il pas à considérer l'ensemble des habitants d'Israël comme une partie intégrante de cette "entité sioniste", et donc les Israéliens comme des sionistes ? La frontière entre Juifs et sionistes est ainsi parfois plus que ténue. Peut-être est-ce une manière d'écrire son idéologie tout en évitant d'être condamné pour antisémitisme.Mais on pourrait se demander si AlterInfo applique soi-même cette distinction. Car, parmi les nombreux articles lus pour ce dossier, aucun ne fait référence à une quelconque actualité juive (entendue au sens de non-sioniste). Ainsi, pour ne prendre qu'un exemple, la recherche effectuée sur le journaliste Mohammed Aïssaoui et son ouvrage "L'étoile jaune et le croissant" n'a donné aucun résultat. Pourtant, ce livre démontre que, durant la Seconde guerre mondiale, des 'Justes' Arabes ont sauvé la vie de Juifs. Dommage qu'une telle information, à l'heure où les tensions entre ces deux peuples ne sont toujours pas retombées, soit restée sous silence.
"Quand il est question d'islam, il semble que les passions l'emportent assez rapidement sur la déontologie journalistique", écrivait il y a peu sur AlterInfo 'samia rabah'. Il semble que, sur AlterInfo, la passion l'emporte aussi sur la pluralité et la réalité de l'information quand il s'agit d'islam, de musulmans ou d'Arabes.