Aujourd'hui chez les terriens ... une geekette laisse son coeur balancer entre croyances et bon sens.
La médiatisation de notre bon vieux Benoît le seizième démissionnaire m'a fait tournicoter encore des choses dans ma tête. Cette crise de foi (ou pas, il est pas con l'ancêtre) représente là une bonne occasion de rebondir sur le foi, quelle qu'elle soit, des hommes, mais surtout sur la mienne.
Je tiens particulièrement à avertir les lecteurs de cet article : je vais parler ici de MON avis personnel, de MES croyances, de MA foi à moi. Cet article n'engage donc que moi, il n'a pas pour but de dénigrer ou d'encourager telle ou telle religion/superstition/croyance (rayez les mentions inutiles), donc merci de ne pas troller et encore moins de venir faire de la pub pour ce que vous croyez être la seule religion ... De toutes manières, les commentaires ne sont pas publiés tant que je ne les aurais pas validés ^^.
Comme une grande majorité de français, je suis née dans une famille catholique pas vraiment pratiquante mais perpétuant les traditions du baptême et du mariage religieux. Dans ma famille, la religion est plus une affaire de respect des traditions ancestrales qu'une histoire de foi.
Seulement, mes parents ont décidé, pour mon petit frère et moi, de briser cette chaîne en zappant la case baptême. Ni lui ni moi ne sommes baptisés à ce jour, et on s'en porte très bien. Bien que nos parents aient tous les deux été jusqu'à la communion, ils n'en sont pas moins devenu des gens très tolérants. Ils ont donc envisagé que mon frère et moi puissions un jour embrasser une autre religion, ou pas. Ils ont donc pris sur eux de nous laisser choisir notre propre foi, nos propres croyances, quand nous en aurions l'âge.
Et je leur en suis extrêmement reconnaissante. Car même si j'avais choisi de devenir chrétienne, j'aurais été heureuse de ne pas y avoir été forcée et d'avoir pu moi-même prendre cette décision.
La foi, c'est personnel. Chacun la ressent à sa manière, avec une force et des sentiments qui lui sont propres. Mais surtout, la foi ne doit pas être forcée. La vraie foi, peu importe en qui ou en quoi on croit, c'est quelque chose qui naît en soi et grandit progressivement. Ce n'est pas quelque chose qui s'enseigne, c'est quelque chose qui se vit.
Ma foi, je l'ai construite avec mes lectures (notamment celle des textes fondateurs de plusieurs religions), mes conversations avec les gens, mes observations diverses et variées ... Je l'ai nourrie avec tout ce que j'ai vu et entendu et ce que j'en ai compris. Je la porte dans mon coeur et dans mon esprit, en l'habillant avec mes valeurs et mes idéaux. Je l'ai élevée depuis que je sais avoir des pensées rationnelles, avec mes joies et mes tristesses, avec mon courage et ma peur.
Mais je ne crois pas en un ni plusieurs divinités. A la fois parce que je ne veux pas de cette sorte de croyance et parce que je n'arrive pas à la concevoir. Et il y a deux raisons principales à cela, à ce que certains nomment, justement, un manque de foi.
Premièrement, je ne veux pas croire qu'il existe en notre monde une ou plusieurs divinités qui soient à même de façonner le monde et d'en faire un endroit paradisiaque mais qui dans le même temps laissent des enfants mourir de faim ou sur des mines anti-personnelles, qui laissent les hommes se détruire et détruire leur planète, qui laissent des parents perdre leurs enfants, qui laissent des gens innocents souffrir de maladies incurables et douloureuses, qui laissent des gens mourir de froid dans la rue ... Car s'il y avait un ou des dieux, aussi miséricordieux qu'on le dit, tout cela ne devrait simplement pas exister.
Deuxièmement, si effectivement les dieux existent, quels qu'ils soient, et que donc ils laissent faire tout cela, alors je ne veux pas croire en ces êtres sacrément sadiques pour créer la vie et jouer avec de cette façon. Je ne veux pas croire en un dieu qui a laissé mourir mon oncle, âgé seulement de 42 ans, d'une tumeur maligne au cerveau, qui a fait veuve une femme aimante et très croyante, qui a privé de leur père deux enfants de 8 et 11 ans, qui a pris leur plus jeune fils à mes grand-parents, qui a laissé mourir dans la souffrance un homme qui était aimé partout où il allait et qui a toujours été bon et honnête.
Mais alors, vous vous demandez sans doute à quoi je crois, en quoi j'ai foi ...
Tout cela est une vaste interrogation pour moi, car comme toute foi, la mienne est mise à l'épreuve sans cesse. Tous les jours ou presque je me pose des questions auxquelles parfois, souvent même, je n'arrive pas à apporter de réponse. Mais ma foi repose sur un principe simple : donner un sens à ma vie et profiter de ce à quoi j'ai eu droit dans cette vie.
Par ma philosophie de vie, il se trouve que je suis très proche des bouddhistes. Je ne vois pas en Bouddha un dieu mais simplement un prince dans temps anciens qui un jour a tout abandonné pour parcourir son pays, pour comprendre et donner, lui aussi, un sens à sa vie, à la vie. Oui, bien sûr, je rêve de rencontrer le Dalai Lama, de visiter Lhassa ... mais simplement parce que la philosophie bouddhiste m'a énormément apporté au cours de ma vie, dans des moments où j'étais perdue.
Tolérance, respect, compassion, amitié, amour, liberté, bonheur, entraide, solidarité ...
Voilà ce en quoi je crois. Plutôt que d'avoir foi en une divinité qu'on ne voit jamais et qui ne répond jamais à nos prières, j'ai simplement foi en la vie. Car si les miracles existe vraiment, la vie est le seul qui les contient tous. Car la vie est à la fois solide et fragile, infinie et en même temps si limitée, et surtout elle est partout autour de tout et en nous ...
Bien sûr, comme beaucoup de gens, je crois aussi, parfois, en des choses qui me dépasse, que je ne comprend pas et que rien n'explique ... Je crois en la réincarnation, car cela me rassure de penser que quelque chose de moi survivra après ma mort. Je crois aux esprits, car cela me rassure de savoir que ceux que j'ai perdu peuvent encore me voir et veiller sur moi. Je crois à certains pouvoirs, car cela me permet de penser que je n'ai pas rêvé certaines choses que j'ai vécu ... J'ai foi en tout cela parce que cela m'aide à ne pas perdre pied quand tout va mal.
Car la foi est avant tout une invention des hommes pour ne pas sombrer dans la folie. Depuis la nuit des temps, nous mettons une étiquette sur chaque chose, et quand l'étiquette reste vierge seule la foi nous permet de remplir les blancs.
C'est pour cela que, peu importe la religion - pou l'absence de religion - des gens que je croise, toujours je les respecterais dans leur croyance. car nous avons tous besoin de croire en quelque chose ou en quelqu'un. certains n'ont foi qu'en la science, d'autres en un ou plusieurs dieux, d'autres préfèrent ne croire en rien d'autre qu'en eux-mêmes, mais tous se raccrochent à une foi qui leur est propre. C'est aussi pour cela que je m'insurge souvent contre ceux qui tentent, parfois avec succès, d'imposer leur foi aux autres. Car faire la guerre au nom d'une divinité, c'est juste se trouver une excuse pour faire du mal gratuitement, pour le profit.
Voilà donc pourquoi, à mon tour, je ne baptiserais pas mes enfants. Tout comme mes parents, je les éduquerais dans le respect et la tolérance. Tout comme je l'ai fait, ils "étudieront" les textes fondateurs de toutes les religions. Tout comme moi, ils se feront leurs propres idées sur les choses, et quand ils seront près, au moment et à l'endroit qu'eux-mêmes auront choisis, ils décideront de leur propre chef qu'elle religion ils embrasseront, ou de n'en choisir aucune si cela leur sied. La seule chose, au final, que je leur imposerais, c'est simplement de faire leur propre choix et de respecter celui des autres.