Je n'aime pas les gens. Voilà, c'est dit. Mais s'arrêter à cela serait réducteur et faux. Car en vérité, je ne suis ni sociopathe, ni asociale, je suis simplement misanthrope et atrabilaire. De fait, je devrais plutôt dire que je n'aime pas beaucoup de gens ... Un peu comme Gregory House, la médecine et la cane en moins ...
Oui, je l'avoue, je suis misanthrope. A force de subir des coups de putes venant de gens qui se disaient mes amis, à force d'entendre du bien par devant et du mal dans mon dos, à force de me faire avoir pour avoir été "trop bonne, trop conne", j'ai fini par détester les autres. Mon plus gros défaut dans les relations sociales, c'est que je fais confiance trop rapidement (enfin, faisais, maintenant je suis calmée). Je suis de ces personnes qui ne font pas les choses à moitié, et quand j'ouvre mon coeur je le fais en grand, je me livre toute entière, en toute honnêteté et franchise, et quand j'aime je ne fais jamais semblant. Et quand on est comme ça depuis toujours, autant vous dire que l'adolescence n'est pas une partie de plaisir. Et pour couronner le tout, j'étais, avant, très (trop) gentille, malléable à souhait, fragile, sensible, et très (trop) serviable.
J'ai donc eu droit à tout ce que l'adolescence fait de pire : le garçon qui accepte de sortir avec moi pour gagner un pari, celui qui n'ose pas venir vers moi pour éviter les blagues méchantes de ses potes, celui qui veut me sauter pour avoir le "privilège" de me dépuceler et de bien se la péter, ceux qui s'amusent avec mes sentiments en m'humiliant à une boom, celui qui ne m'a invité à sa boom que pour faire plaisir à une autre fille qui m'appréciait ... et les filles n'étaient pas en reste, bien au contraire : il y a eu celle qui a monté mes deux meilleures amies contre moi pour se venger parce que j'avais de meilleures notes qu'elle, celle qui m'humiliait en permanence parce qu'elle était jolie et pas moi (j'étais un vrai sac à patate sans aucun style, il faut bien l'avouer), celle qui utilisait mon intelligence pour son profit personnel (en bonne poire de service je me laissait faire à aider les autres dans leurs devoirs), celle qui était gentille avec moi et racontait tout ce que je lui dévoilait à ses vraies copines, celle qui invitait tout le monde à ses anniversaires devant moi (sans m'inviter bien sûr), celle qui n'était copine avec moi que parce que personne d'autre ne voulait d'elle (sa malédiction à elle : elle était la plus jolie du collège, mais elle était arrivée en cours d'année, pas d'bol ...), et toutes celles qui détestaient que je m'entende si bien avec certains garçons de la classe parce que je faisais du foot (ouais, le sport idéal pour se faire des potes mâles et des ennemies femelles) ... Sans parler de tous ceux qui un jour m'ont dit être mes amis mais qui plus tard m'ont jeté violemment quand ils se sont lassés de moi ... Bref, une vraie promenade de santé qui m'a fait faire ma première dépression avant même d'avoir mes règles ...
Mais comme j'étais encore naïve et optimiste, comme tous les misanthropes avant de le devenir, tout cela ne fut pas suffisant pour me "calmer" ... Le lycée me fit connaitre les joies des désillusions post-coït, même si elles furent très peu nombreuses (ouais, perte de virginité tardive, j'en parlerais peut être un autre jour). Entre les mecs ne désirant que la pénétration de mon frifri et les nanas toutes plus superficielles les unes que les autres, je n'ai pas eu d'autres choix que de prendre sur moi et attendre que ça passe, tant bien que mal, en tâchant de "traîner" avec les personnes les moins pires, ce que j'ai lamentablement foiré, il faut bien l'avouer ... Il faut croire que j'attire les coups de putes ... De fait, deuxième grosse dépression tandis que je commençais enfin à accepter ma bi-sexualité ...
Arrivée à la fac, j'avais gardé une bande de potes qui eux étaient encore au lycée (j'avais deux ans de plus qu'eux, pour la plupart, ça a du jouer pour plus tard ...), que je pensais matures, mais non, ce fut le dernier, et le plus éprouvant, coup de poignard dans le dos que j'eu à supporter. Parce que j'ai du gérer en même temps en accident de voiture (j'étais au volant), une rupture et des amis qui visiblement n'en avait plus rien à faire de moi. Ils ont continué à faire semblant pendant encore deux mois avant de me téléphoner jours et nuits sans me parler puis en me balançant des insultes (jusqu'à me traiter de salope, alors même qu'à cette époque je n'aimais pas encore le sexe). Bref, joie suprême, troisième dépression alors que j'étais en troisième année de licence, foirage d'année, remise en question et jetage de confiance en soi à la poubelle. la confiance en l'humanité avec d'ailleurs. Les gens m'ont fait du mal, pourquoi les aimerais-je ?
J'ai eu quelques bons amis qui sont restés, qui sont toujours là pour certains. Une surtout. Une qui quoiqu'il arrive ne partira pas, la seule, je crois, en qui j'ai vraiment entièrement confiance. Enfin non, plus la seule. Il y a aussi chéri. Vous allez me dire qu'il pourrait tout aussi bien être comme les autres. Je l'ai cru au début, j'ai hésité, douté, beaucoup, avant de lui confier certaines parts de moi-même. Mais ce qu'il a vécu, ce que sa vie a fait de lui, tout son passé me montre que je peux lui faire confiance, car si lui ne me comprenait pas, personne ne le pourrais.
Mais le constat est là : je n'ai que deux véritables amis en qui j'ai véritablement confiance. Je pourrais en ajouter deux autres, mais je suis bien obligée d'avouer que je ne leur parlerais jamais de certaines choses ... Ce n'est pas que je ne veux pas, simplement que je ne peux pas, je ne m'en sens pas capable.
Et c'est cela en fait, qui fait que je n'arrive plus à me lier aux gens que je rencontre. je ne suis plus capable de faire confiance. Je ne sais plus éprouver de sympathie, ou du moins presque plus. je m'en suis rendue compte récemment en discutant avec une "amie". Ce qu'elle me disait était intéressant, je me sentais un peu triste pour elle, mais au fond de moi, il y avait une mini-moi qui gueulait à pleins poumons "mais bordel qu'est-ce qu'on s'en fout ! allez arrête de me causer que je passe à autre chose !". Et actuellement, très rares sont ceux qui peuvent tenir une conversation d'ordre "intime" avec moi (une vraie conversation relationnelle, avec des bouts de soi dedans) sans que cette vilaine petite voix déclenche sa rengaine.
Les gens m'ennuient, je ne les aime pas, je n'en veux pas dans ma vie. Je peux compter mes vrais amis sur les doigts d'une seule main, je ne sors plus beaucoup (notamment parce que de ces fameux amis d'une seule main, une seule vis près de chez moi, et elle a un homme et un gosse, donc pas évident). Et à vrai dire, ça me convient très bien. Avec un peu de recul et d'analyse, finalement, je préfère. Parce qu'au final, quand on a pleins d'amis, on prend le risque de n'en avoir aucun de réellement sincère ...
Alors voilà, je suis misanthrope, atrabilaire souvent (du moins quand je vois des gens et que je m'ennuie), mais je suis à l'aise avec ça. Je n'irais pas jusqu'à dire que j'en suis fière, car ce n'est pas par choix que je suis ainsi. Mais puisque je suis heureuse comme ça et que ce que j'étais avant m'a fait trop souffrir, je préfère de loin être comme je suis à présent.
Mais qu'on se le dise, certes je suis fermée aux nouvelles véritables et sincères amitiés, comme un coquillage fraîchement pêché, mais je reste une personne sociable : pour peu que j'ai en face de moi des gens intéressants, il m'arrive parfois d'apprécier les contacts humains avec de parfaits étrangers ... Je mets juste énormément de temps (beauuuuuuuucoup tout plein) avant de faire suffisamment confiance pour changer une "connaissance" en "ami".
Voilà pour ce petit déballage ... j'espère ne pas vous avoir tous fait fuir ^^.