© photl.com Le journaliste web doit répondre aux exigences de son média qui sont la réactivité et l’instantanéité. Au risque parfois de se retrouver complètement coincé derrière son bureau à faire de l'information venue du web pour le web selon Nicolas Becquet. Pour vérifier si cela est vrai, deux articles ont été réalisés: l'un uniquement rédigé à partir du web et l'autre coupé de la Toile (celui-ci). Et pour expliquer l'ensemble, un making-of est proposé.
Le journaliste web est encore un journaliste nouveau dans le monde l'information, même s'il a investi les rédactions depuis une quinzaine d'années. Il amène de nouvelles pratiques, un nouveau langage et est multitâche. Pourtant le journaliste web souffre du média sur lequel il travaille, depuis toujours associé à l'image de virtualité, et donc sans fondement solide et tangible. Au point qu'il est aisé de l'accuser d'être un journaliste virtuel qui ne s'informe qu'à travers le prisme déformant des réseaux sociaux, des chaînes d'information en continu, des agences de presse et des sites concurrents.
La réalité est bien plus nuancée que cette image. D'ailleurs, les journalistes apprécient peu ce statut de journaliste virtuel. "Je veux bien comprendre le coté virtuel parce qu'on ne nous voit pas, on est moins sur le terrain. Mais je suis journaliste web comme d'autres sont journalistes radio ou journalistes télé" explique Ivan Valerio, journaliste du site Le Lab d'Europe 1. Et de préciser : "Les fondamentaux du métier sont là : on va trouver nos infos, on les hiérarchise, on les vérifie puis on les met en valeur et en perspective".
Faire un pas de côté
Parler de journaliste virtuel - comme celui qui reste au desk - prend cependant du sens dans une situation, celle de l'actualité chaude et immédiate. Devant rendre compte de l'actualité de façon complète, le journaliste se retrouve à publier des dépêches d'agences et écrire des brèves émanant de ses seuls écrans. Néanmoins, le journaliste web jongle avec plusieurs temporalités à moyen ou long terme.
Quelle que soit cette temporalité, le travail de "desk" est une caractéristique du journaliste web. A lui de faire la différence dans le traitement de l'information, selon le journaliste du site Le Lab : "Les angles sont tout autant décalés, consensuels, conventionnels, lisses ou plats, qu'on soit sur le terrain ou sur le web. Même en étant au desk on arrive à avoir un certain type d'infos et je ne pense pas que ce qu'on fasse soit prémâché, consensuel ou standardisé sous prétexte qu'on fait du desk".
Un constat partagé par Bastien Hugues, journaliste à FranceTVinfo qui met en avant la nécessité de faire un "pas de côté", c'est-à-dire réfléchir à comment apporter un plus, une plus-value au lecteur sans aller sur le terrain. Cela passe notamment par une recherche de format numérique approprié comme les infographies interactives, les "lives" ou la vidéo. Mais le journaliste doit aussi ne pas avoir peur de créer des nouveaux formats. Cette démarche est d'autant plus nécessaire, lorsqu'elle concerne une information importante par rapport à la ligne éditoriale du média.
Du terrain virtuel au terrain traditionnel
Les journalistes travaillant dans une rédaction Internet cumulent plusieurs sources d'informations : fil d'agence, médias concurrents (radio, journaux télévisées, presse quotidienne) et réseaux sociaux, Twitter en tête. La plateforme de micro-blogging, au-delà d'être une "hyper revue de presse" selon Bastien Hugues, est devenu un "terrain virtuel" à part pour Nicolas Begasse, journaliste à 20minutes.fr. "Les acteurs de l'information - sportifs, politiques, associations et militants - tweetent directement des choses […] Ça ne passe pas par le prisme des journalistes ou des agences de presse, on a directement leur déclaration, leur point de vue, voire leur photo 'tweetpic' s'ils sont sur le terrain. C'est un peu notre terrain à nous".
Mais tout cela n'est pas contradictoire avec le travail de terrain traditionnel. Au contraire, il est organisé dans différentes rédactions. "A FranceTVinfo [...], tous les journalistes tournent sur des temporalités différentes pour qu'ils puissent aller sur le terrain dès lors qu'ils sont dans une temporalité qui n'est pas l'instantanéité [...] C'est très important pour ne pas se couper de la réalité du terrain et ne pas retranscrire une réalité biaisée par les autres journalistes présents", explique Bastien Hugues. Une valeur ajoutée à l'information qui dépend surtout de la rédaction : "Cela est conditionné par les moyens qui sont donnés par la rédaction aux journalistes. L'information coûte cher, il faut avoir une rédaction qui ait les moyens".
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 14 mars à 17:48
Exactement, il s'agit de journalisme dans les deux cas, que l'on soit sur un média papier ou électronique.