Il y a peu j’avais cru discerner l’arrivée du printemps. Problème de lunettes très certainement car j’ai la nette impression depuis, d’être revenu au cœur de l’hiver. Temps gris, brouillasse, neige, températures en berne, tous ces signes que j’espérais enfuis jusqu’à l’an prochain sont de retour.
Ce n’est pas que cela me chagrine profondément, mais l’arrivée du soleil me procurait l’espoir de la revoir. Sans nouvelles depuis bien longtemps maintenant, je suis en droit de m’inquiéter, car comment vivre sans elle ? Loin des yeux, loin du cœur, il n’empêche, quand on a vécu avec elle toute sa vie - et la mienne commence à prendre des proportions non négligeables – il est difficile de s’en passer durant de longs mois. Il serait bon qu’elle revienne.
Finalement, elle et moi ne faisons qu’un, notre relation fusionnelle bien qu’espacée, ne peut s’accommoder d’une séparation trop longue. A mon âge, on ne se refait pas. J’ai mes habitudes, il faut me comprendre aussi.
La voir me réchauffe, je ne saurais mieux dire. Toujours identique, mais jamais la même pour autant, elle et moi ne savons nous lâcher d’une semelle quand elle est là. Sa nature singulière la fait rechercher le soleil, ce qui explique ses longues absences et donc mon pardon. Parfois dans la rue quand je me promène, je me retourne pour voir si elle me suis, en vain ces derniers mois. C’est alors qu’elle me manque le plus, que je prends conscience de son absence plus encore et de ma solitude profonde. Sans elle, suis-je encore vivant ? Sans elle, suis-je même un être humain à part entière ? Son éclipse me plonge dans le plus profond désarroi.
Quand te reverrai-je, quand te montreras-tu de nouveau, mon ombre …