Pape sourire, François Ier a simplement plaisanté en se présentant
devant la foule romaine : « Les cardinaux sont allés me chercher au bout du monde ! ».
Le conclave n’aura
pas duré plus longtemps que celui qui a élu Benoît XVI le 19 avril 2005 : seulement trois
demi-jours, cinq tours de scrutins pour les 115 cardinaux enfermés dans la Chapelle Sixtine depuis le 12 mars 2013.
La fumée blanche est sortie de la Chapelle à 19h10 ce mercredi 13 mars 2013 et l’attente fut très excitante.
Pour un peu, on se croirait au second tour d’une élection présidentielle française où l’on attendrait le visage du nouveau élu à 20h00. La foule avait confiance dans l’ignorance pour accueillir
l’évêque de Rome, quel qu’il soit.
Le nom du nouveau pape, le 266e depuis saint Pierre, a été annoncé en latin par le cardinal
français Jean-Louis Tauran (69 ans), le protodiacre, à 20h13 devant une foule de plus en plus grande rassemblant les Romains revenant du travail. Rappelons qu’il y a trois types de cardinaux, des
cardinaux-évêques (très peu nombreux), des cardinaux-prêtres et des cardinaux-diacres et que chacun est responsable d’une des très nombreuses églises à Rome. Le protodiacre est le cardinal-diacre
le plus important (le plus ancien) parmi les cardinaux électeurs.
Le nouveau pape s’appelle Jorge Mario Bergoglio, cardinal d’Argentine, archevêque de Buenos Aires depuis le 3 juin 1997, né le 17 décembre 1936 (il a donc 76 ans). Il a choisi de se faire appeler François Ier (Franscesco en latin que Wikipédia avait traduit dès la minute qui suivit l’annonce par "Francis") en l’honneur de saint François d’Assise.
Et ce n’est pas étonnant. Ce pape a été toute sa vie au contact avec la pauvreté et les plus humbles, vivant
de manière très pauvre avec une discipline très rigoureuse (se levant tous les jours à 4h du matin). Et son humilité a été tout de suite ressentie par la foule pendant les quinze minutes au cous
desquelles il s’est exprimé hors de tout protocole.
Après avoir rendu hommage à son prédécesseur, Benoît XVI dans un contexte historique sans précédent, François Ier, avant de bénir traditionnellement les fidèles venus l’acclamer, a d’abord demandé que ceux-ci le bénissent et
prient pour lui dans cette loure charge. Une simplicité qu’il a exprimée aussi en se disant seulement évêque de Rome parmi les autres évêques.
D’un point de vue historique, c’est la première fois de toute l’histoire du christianisme que le pape est
originaire d’Amérique. Et en particulier, d’Amérique latine où il y a la force la plus vivante de la foi depuis plusieurs décennies. C’est aussi la première fois que le pape est un Jésuite.
Le nouveau pape est un fils d’immigrés italiens pauvres qui a fait des études de chimie et aussi de
philosophie et de psychologie (qu’il a enseignée). Il est entré chez les Jésuites le 11 mars 1958 et a été ordonné prêtre le 27 juin 1969 par Ramon José Castellano. Consacré évêque le 15 août
1992 par le cardinal Antonio Quarracino, il a été nommé archevêque de Buenos Aires le 15 août 1997 à la mort d’Antonio Quarracino, et a été créé cardinal-prêtre de San Roberto Bellarmino le 21
février 2001 par Jean-Paul II. Lors du conclave d’avril 2005, il faisait partie des "outsiders" dans la succession de Jean-Paul II.
Il a soutenu des prêtres réprimés par la dictature militaire et a toujours été du côté des pauvres dans sa
mission à Buenos Aires. Sa devise de cardinal est d’ailleurs : "Miserando atque eligendo".
Il est bien sûr difficile de donner une idée de ce que va être son pontificat. Il est probable que sa
simplicité va être mise à mal avec les dorures de la fonction qu’il tentera probablement de réduire pour aller à l’essentiel, à savoir le message de l’Évangile.
Encore une fois, les pronostics ont tous été déjoués. Certains exégètes du conclave affirment que durant ces
deux jours, le cardinal argentin aurait parlé le langage du cœur, en opposition avec un langage plus politique qui aurait pu être celui des favoris Angelo Scola et Odilo Pedro Scherer.
L’âge de ce nouveau pape (76 ans) n’est pas peut-être pas le meilleur gage pour réformer la Curie ou
pour impulser un nouvel acte à la "modernisation" de l’Église qu’une partie des catholiques souhaite, modernisation qui n’a pas, d’ailleurs, beaucoup de sens dans un monde si mouvant, si rapide,
si changeant.
En revanche, la précieuse personnalité de François Ier laisse entrevoir la volonté de ramener l’image de la fonction pontificale à ce qu’elle doit être, à savoir un simple pasteur
parmi les brebis, sans despotisme centralisateur. Ce n’est pas la première fois qu’un pape est humble. Au contraire, la plupart de ses prédécesseurs l’ont été, et en particulier Benoît XVI dans
le renonciation en est une preuve indiscutable.
Être du côté des pauvres, l’Église catholique l’a toujours été. Avec ce pape humble et simple, ce sera
peut-être plus "voyant", plus évident. Son sourire ressemble à la bonhomie d’un Jean XXIII ou d’un…
Jean-Paul Ier.
Le pape n’est pas mort, vive le pape !
Aussi sur le
blog.
Sylvain Rakotoarison (13 mars 2013)
http://www.rakotoarison.eu
Précisions rajoutées le 13 mars 2013 à 23h00 :
Selon le
père Frederico Lombardi, le nouveau pape a déjà parlé au téléphone avec Benoît XVI. L'agenda de François Ier sera le suivant : la messe avec les Cardinaux dans la Chapelle Sixtine aura
lieu demain jeudi 14 mars 2013 à 17h00. Vendredi 15, à 11h00 en la Chapelle Sixtine, il rencontrera le Collège cardinalice, électeurs et non électeurs. Samedi 16, toujours à 11h00, dans la Salle
Paul VI, le pape accordera une audience aux journalistes et aux communicateurs sociaux. Dimanche 17 à midi, aura lieu le premier Angélus du pontificat, Place Saint-Pierre. La messe d'inauguration
du pontificat aura lieu le 19 mars 2013 à 9h30. La visite de demain jeudi se fera dans une église mariale de Rome, sous forme privée.
NB anecdotique : François
Hollande, François Fillon et François Bayrou, entre autres, pourraient trouver dans l’élection de ce
nouveau pape un petit motif de satisfaction personnelle !
Pour aller plus loin :
Le conclave des 12-13 mars 2013.
Mode d’emploi pour l’élection d’un pape depuis le 22 février 2013 (texte officiel).
L’infaillibilité
pontificale à l’épreuve des faits.
La renonciation de Benoît XVI.
50 ans après Vatican II, la nécessité d’un nouvel
aggiornamento.
Benoît XVI et le préservatif : premier pas (22/11/2010).
Jean-Paul II : N’ayez pas peur… de pardonner !
Le pape Benoît XVI à Paris : une foule inattendue aux Invalides
(15/09/2008).
Expérimentation sur l’embryon humain.
La
Passion du Christ : petites réflexions périphériques.