Née à Montréal en 1927, Phyllis Lambert est la fille de Samuel Bronfman. Dans les années 1960, elle conçoit le Centre des arts Saidye Bronfman qui porte le nom de sa mère. Elle contribue aussi à la fondation de l’organisme de protection du patrimoine Héritage Montréal puis au projet de revitalisation du Canal Lachine. À 85 ans, elle s’indigne encore contre le développement anarchique de la ville et continue de militer pour la protection du patrimoine architectural montréalais.
L’exposition
Un peu plus loin, dans les salles d’exposition principales, nous arrivons au cœur de l’exposition nommée « ABC : MTL », deuxième phase. Il s’agit d’une œuvre collective et changeante qui se veut un portrait composite de la ville, comprenant des photos, des plans, des maquettes, des films, etc.
ABC comme abécédaire et, effectivement, tous les événements qui entourent l’exposition reflètent ce thème. Ainsi, l’un d’eux, destiné aux enfants, ne nomme « B comme bébé ». Un autre titre d’événement, « R comme raboutage », me fait penser à une des salles où l’on expose, entre autres, quatre courtepointes ou patchworks qui symbolisent parfaitement la notion de raboutage inhérente au développement d’une ville.
La ville raboutée, la ville courtepointe
Dans les courtepointes d’autrefois, on récupérait des bouts de tissu d’origines diverses dont chacun portait son histoire. Ainsi, la mère pouvait dire à son garçon, en le bordant le soir : ce morceau-là vient du manteau de ton grand-père, celui-là de ton oncle Léon et ainsi de suite. L’enfant était alors enveloppé d’histoire et comme protégé par ses ancêtres.
La ville aussi est un patchwork riche d’histoire. Et ces vieilles façades de pierres grises – entretenues, rénovées et même recyclées – apportent à la ville une beauté, une richesse et une profondeur que des bâtiments temporaires et jetables, au gré des modes, ne peuvent lui apporter.
Un vernissage ouvert à tous
Je me souviens d’avoir assisté à un vernissage, il y a peut-être une dizaine d’années, alors que Mme Lambert animait encore personnellement ce genre d’événements. Malgré sa position sociale, elle était probablement la personne la moins snob de l’assistance.
Elle allait vers chacun, vers des inconnus comme moi, pour leur demander leur avis et écouter leurs réactions. Quoiqu’anglophone, elle commençait ses discours en français avant de passer à l’anglais. Elle s’était aussi adressée à moi en français.
Ceux qui la remplaçaient maintenant, le soir du 31 janvier, n’avaient pas le même respect pour la priorité du français au Québec. Les discours ont été faits d’abord en anglais, et ensuite seulement en français, comme par obligation et sans grand enthousiasme.
Je n’ai pas aimé ce changement, qui me ramenait dans les années 60, alors que Montréal était scindée en deux villes, plus ou moins, l’ouest anglais (centre des affaires et quartiers riches) et ville française à l’est (surtout ouvrière). Un retour en arrière regrettable qui ne reflète pas du tout la volonté et la manière d’être que l’on a connu de la fondatrice et philanthrope, Mme Phyllis Lambert.
Cette exposition se termine le 31 mars 2013.
Centre Canadien d’Architecture 1920, rue Baile — Montréal (Québec) H3H 2S6
514 939 7026 http://www.cca.qc.ca/fr/a-propos