Les salles de shoots en question
Publié le 13 mars 2013 par Pascaletfred
Un Collectif pour la prévention des toxicomanies, qui rassemble une quinzaine
d’associations familiales et de prévention de terrain se déclare contre
l’expérimentation des salles de shoots en France. C’est également le cas de
riverains du 10e arrondissement de Paris, directement concernés par
la première ouverture de salle d’injection de drogues aux toxicomanes avec
supervision médicalisée, dite « salle de shoots » dès l'été prochain, comme de l’ensemble des Français (55%, sondage IFOP). Le collectif
rappelle qu’il existe déjà plus d’un
millier de salles ou structures d’accueil dédiées à la toxicomanie en France. De son côté, le Professeur
Jean Costentin, membre de l’Académie de médecine et Président du Centre
National de Prévention, d’Etudes et de Recherches sur les Toxicomanies (CNPERT),
met l’accent sur un aspect légal et juridique et s’interroge :
« Pourquoi ce qui est interdit à l'extérieur est autorisé à
l'intérieur ? Quel sera le rôle des médecins ? Superviser l'injection de "drogues
de la rue", des produits loin d'avoir une qualité médicamenteuse, posera
forcement des difficultés. L’héroïne vendue couramment dans la rue n'est
composée que de 30 à 40 % d’héroïne pure que l'on trouve noyée dans de multiples
substances de dilution. Alors quel médecin accepterait de superviser
l'administration d'un produit qu'il sait foncièrement impur ? Et par la suite,
cette question en appellera une autre : lorsque le corps médical se rendra
compte qu'il est impossible de superviser ces administrations de drogues impures,
que feront-ils ? Les salles de shoots finiront-elles par fournir elles-mêmes de
la drogue de qualité ? Et, puisque l'on vient avec sa drogue, on ne peut
s'opposer à ce qu'elle s'acquiert à l'extérieur, d’où un élargissement du
périmètre de non droit. » Pour souligner ces paradoxes, le collectif
publie un manifeste contre ces salles de shoots. Une forme de mise en garde que
le collectif vient d’envoyer au Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault.