Le RSA: la belle planque ?

Publié le 13 mars 2013 par Lionelo @investirblog
Je suis tombé hier sur facebook sur ce tableau, qui était partagé plus de 67 000 fois et avait reçu plus de 12000 commentaires. L'objectif de ce tableau était je pense de démontrer que les familles dont un ou plusieurs membres travaillent et ayant de faibles revenus étaient désavantagées par rapport à celle touchant le RSA. 
Ce que l'auteur veut aussi dire, j'imagine, c'est que certains sont incités à ne pas travailler suite aux allocation RSA, et même que le RSA est donné à des "profiteurs".  Il exprime la frustration d'une partie de la France qui vit avec de faibles revenus, et qui reproche à l'état de créer des assistés permanents.
Ce débat est certainement intéressant, et ne doit pas être occulté, mais encore faut-ils que les chiffres soit corrects et représentatifs !
Fondamentalement, ce tableau souffre de 3 failles méthodologique rédhibitoires:
  1. Il se concentre sur un cas particulier: Le choix de la famille salariée, ne représente qu'un cas particulier sur les dizaines de combinaisons possibles. Notamment, les revenus de la famille salariée sont choisis délibérément bas, avec un seul des adultes ayant une activité. Pourquoi n'avoir pas choisi une famille disposant de 2 revenus 
  2. La famille salariée est éligible au RSA: Nous allons le voir en détail plus loin. Les salariés de faibles revenus en général, et notre famille de salarié en particulier, sont éligibles aux allocations RSA.
  3. Les montants qui sont donnés par le tableau sont incorrects: Ils trahissent même une grande incompréhension des mécanismes du RSA. Je liste N erreurs plus bas.

Erreur 1: La cantine des enfants

Les enfants salariés ont aussi droit à des vacances ! Selon le site cantine scolaire cantinescolaire.net, un repas en cantine peut varier entre 0.13 € (primaire) et 6 € (lycée), avec 3.77€ en moyenne en île-de-France mais dans tout les cas, il faut compter les vacances! Il faut calculer ce montant en prenant 9 mois pour base...
En utilisant la grille tarifaire de la ville de paris pour les collèges lycée, et en prenant compte le quotient familial de notre famille (4 parts), le repas est à 0.86 €. 21 repas par mois, sur 9 mois, pour 3 enfants: 21*0.86*9*3= 487 euros.

Erreur 2: Le calcul du RSA

Lorsque une famille est logée et bénéficie des aides aux logements, ces aides sont déduites d'un forfait logement, pour une famille de 5 nous parlons de 143.52 € qui est déduite des 1208.14 de RSA auxquelles notre famille au RSA à droit.
Dans ces conditions les revenus de la famille au RSA ne sont que de 1064 euros

Erreur 3: Les familles au RSA ont aussi besoin de transports!

Dans ce tableau, les frais de transports sont posés à 0 euros pour toute la famille, sous prétexte que la famille n'a pas de travail. Dois-t-on  en  comprendre que les familles au RSA restent obligatoirement chez elles ?  Les besoins de transport sont les mêmes pour toute la famille. A noter que les transports des deux parents dans le cadre de leur recherche d'emploi sont remboursé par le pôle emploi sur justificatif. Ici, au jugé, il faut considérer que les frais de transports de notre famille au RSA sont deux fois moindres que la famille au RSA soit 720 euros.

Erreur 4: La famille salarié a aussi droit au RSA !

Si l'on se réfère au service public:
Le montant du RSA est égal à la différence entre ce montant minimum garanti et les revenus d'activité de votre foyer (auxquelles s'ajoute éventuellement le forfait logement). On parle alors de RSA chapeau ou RSA d'activité.
Selon  le mode de calcul proposé, en tenant compte des aides au logement de 200 euros du tableau, notre famille à droit à (1200*0.62+1208) – 1 200 143,52 - 290 = 318 euros.

En résumé

voici notre nouveau tableau avec notre vision révisée:

Ces résultats ne sont pas surprenants, car le RSA a été construit pour éviter les effets de seuils, qui introduisent des disparités flagrantes de traitement entre des personnes qui ont des situations semblables mais qui ne tombent pas sous la même catégorisation.
La réforme a été voulue pour introduire un barème progressif, qui subventionne les foyers en difficultés tout en assurant le aintien d'une partie des prestations du RSA en cas de retour à l'emploi.