Judd Apatow à ses fans... Cinéaste emblématique de ce qui pourrait être appelé "la nouvelle comédie américaine", il est représentatif de cette vague de comédie à cheval entre le pur divertissement, limite graveleux, genre American Pie, et la comédie douce-amère empreinte d'un regard social sur notre société (et nous, à la rédaction, nous mettons Super Grave dans cette catégorie, nous adorons cette "teen-comédie" (teen ?) parfaitement maîtrisée). Apatow à donc une pâte et il n'est pas non plus désagréable que celle-ci s'inspire des séries qui cartonnent pour construire ses personnages ! 40 ans, Mode d'Emploi : mode d'emploi !
On pourrait classer hâtivement 40 Ans Mode d'Emploi dans la catégorie comédies décérébrées, justes bonnes à passer 1h30 sans utiliser, ni user, le moindre de ses neurones, mais il serait dommage de s'arrêter là ou de n'en attendre que cela. Ni pure déconnade, ni comédie sociale, il est certain que 40 ans, Mode d'Emploi donnera à beaucoup l'impression d'être "le cul entre deux chaises", et ce n'est pas totalement faux, puisque sans être pour autant mou ou ennuyeux, 40 ans, Mode d'Emploi ne trouve vraiment son rythme que dans sa dernière heure ! C'est peut être ça la bonne surprise : ce n'est pas torché en 90 minutes, mais bien 2h, format atypique pour des comédies de ce type, et c'est sans doute son "extra-time" qui lui donne le temps d'explorer réellement, et à fond, ses personnages...
Comme dans une série, il faut un long temps d'adaptation et de réglage(s) (en tout cas supérieur à une heure...) pour adopter Pete et Debbie et les codes de leur communication. Il faut aussi un temps pour accepter l'enchaînement, un peu maladroit, de courtes scènes prétextes à exploiter un humour basé sur les petites tracasseries du quotidien, presque à la Friends, loin des excès poussifs du gag "orchestré"... 40 ans, Mode d'Emploi décevrait presque dans sa première partie : pas assez drôle, pas assez pertinent, pas assez punchy... Puis, si on accepte cette forme, sympathique et pas ennuyeuse (même si on souhaite plus de punch), alors le pari de 40 ans, Mode d'Emploi se réalise ! Son pari sur la longueur ! Petit à petit, on s'attache à notre petite famille, on est touché par leurs petits accrochages, on est séduit par son humour discret et on remercie finalement Apatow de ne rien nous imposer. 40 ans, Mode d'Emploi démarre mollement, puis déploie ses charmes jusqu'à devenir très attachant, touchant même, permettant ainsi de créer un cadre qui valorise son humour, auquel on adhère de plus en plus avec l'intimité (et quelle intimité parfois !) du couple.
Alors si il est bien évidant que 40 ans, Mode d'Emploi n'est pas la comédie de l'année, on plébiscite, ici à la rédaction, son capital sympathie qu'il exploite avec conviction et même, parfois, finesse ! Contre toute attente 40 ans, Mode d'Emploi parvient à ses fins et on se surprend à trouver ses deux heures trop courtes... On aime bien les micro-crises de Pete et Debbie... Leur ado hystérique (mais pas tant que ça quand on y regarde à deux fois...) et leur petite dernière craquante au possible... On adore les parents insupportables... Les petites piques du couple, le refuge-tablette, les difficultés à faire face aux difficultés d'être en couple et finalement la justesse de l'oeil d'Apatow sur un couple ordinaire... 40 ans, Mode d'Emploi à tout d'un produit banal et passe-partout, mais il n'en est rien : son oeil malin en fait une comédie des plus agréables, légère et juste, une sorte de "teen-movie pour adulte", un "quadra-movie" à l'américaine quoi ! Pas de génie, mais une belle surprise qui ne mérite certainement pas le mépris que nous lui supposions avant de nous y confronter : "Connards de quadras bornés et immatures que nous sommes...".
Procurez-vous 40 ans, Mode d'Emploi ou d'autres films de Judd Apatow ou avec Paul Rudd, Leslie Mann ou John Lithgow