On pourrait croire à quelque coquecigrue, chose inventée pour le seul alibi de trouver un sujet de billet pour mon blog, mais pourtant ce n’est que la stricte vérité. C’est nouveau - je n’irai pas jusqu’à dire que c’est tout beau - et ça vient de sortir, les manifestations sur les grues.
Plus original que l’enchaînement aux grilles d’un palais de justice, moins radical qu’une immolation par le feu en place publique, moins nunuche qu’une pancarte brandie à bout de bras, désormais on se hisse dans les hauteurs d’une grue de chantier et l’on crie son message par le biais d’une banderole claquant au vent. Après les pères séparés de leurs enfants, c’est une grand-mère qui s’y colle.
Alors de grâce, évitez de marcher en regardant vos pieds, désormais il faut lever les yeux au ciel, c’est là-haut que cela se passe. D’ailleurs à bien y réfléchir, on ne peut avoir que de bonnes raisons à regarder vers le ciel. Soit on entend raconter tant de conneries dans la journée, qu’on passe son temps à lever les yeux au ciel d’agacement contenu, soit on est dans une telle panade, que les derniers espoirs résident dans une aide extérieure ne pouvant venir que du ciel. Avouez honnêtement qu’il ne reste que peu de place entre ces deux hypothèses.
C’est certainement le raisonnement tenu par ceux qui manifestent sur les grues. Ecœurés et saoulés des promesses non tenues ou de l’absence de réponse de l’Administration, ils ont une première bonne raison pour tarzaner dans les hauteurs. Enfin, seconde bonne raison, si ayant épuisé tout espoir, par un coup de pot Potain leur offre une estrade les rapprochant du Paradis, ils peuvent imaginer être mieux entendus.
Nombreux sont ceux aujourd’hui qui ont matière à récriminer, à tort ou à raison d’ailleurs, le nombre de grues en activité risque de ne pas suffire pour les accueillir tous. Un nouveau job pourrait voir le jour pour un entrepreneur audacieux, loueur de places sur ces tours de ferraille. A moins qu’on assiste à des bagarres de chiffonniers sur les montants métalliques, entre prétendants au titre d’occupant illégal.
Bref, une raison supplémentaire pour garder les yeux levés vers le ciel !