Au nom de la sacro-sainte liberté d'expression on a accordé le droit aux journalistes de rapporter les faits d'un cas d'horreur innommable.
Ai-je le droit de penser que c'est une décision aussi horrible que le meurtre lui-même?
Donnez-nous le verdict au bout de plusieurs mois de plaidoiries, sans nous EnGuyTurcotter svp, et là ça vaudra la peine qu'on s'y intéresse mais suivre l'évolution de ce malade? Se faire raconter l'effondrement des parents de la victime jour après jour? Se sentir soi-même un brin effondré d'entendre certains détails que notre imagination n'avait jamais osé réfléchir? Participer au cirque?
NON!
Vous savez qui trône au milieu de la piste de cirque? sur un piédestal? sous le follow-spot? Oui, lui, le minable dépeceur, l'insecte que vous élevez au niveau de superstar. Ce qu'il a toujours souhaité. Enfin j'ai de l'attention. Pas surprenant qu'un français, au bien choisi nom de famille Zéro, soit devenu obssédé par la bête.
Je vous en présente une autre bête: le journalisme.
Je ne veux pas savoir en combien de morceaux ce con a découpé l'autre. Je ne veux pas connaître le degré de naïveté de celui qui a cédé à son plan de match. Je ne veux pas savoir si la fumée du conclave est rouge sang. Je ne veux pas voir ma main trembler à la lecture quotidienne d'un roman que je ne souhaitais pas lire. Je ne tiens pas à avoir l'opinion d'un journaliste de TVA qui me ponctuera sa présentation du dossier par 24 "là" et 13 "...euh...". Je ne veux pas 25 bulletins de nouvelles qui commenceront par "imaginez que vous êtes en Asie et que vous vous félicitez du potentiel succès de votre fils en Amérique et que vous apprenez d'un même souffle que non seulement on l'a supprimé en petites coupures mais qu'en plus il ne vous aurait jamais présenté de fiancée puisque qu'il préférait l'affection des garçons". Fais-moi une analyse du ahut des airs, Maxime. Je ne veux pas de représentants des médias qui lutteront en se braquant les uns contres les autres pour nous faire un gros plan des larmes de la famille Jun.
Quand Yvon Deschamps disait "on veut pas le savoir, on veut le wère!" on a ri.
C'était pas une autre époque. C'est encore vrai.
On a ri mais on a jamais compris.
Il nous traitait comme les épais que nous sommes.
C'est humain de ralentir le long de l'autoroute afin de jeter un oeil sur l'accident qui a ralenti tout le monde. Mais quand on reprend la route à une vitesse normale par la suite, on s'est trouvé épais d'avoir à son tour ralenti le trafic.
Sinon quoi?
Sinon on passe un commentaire sur ce qu'on a vu. Comme je le fais maintenant.
Je n'ai rien vu. Sinon un désaxé qui commande une attention qu'il obtient.
Une bête sans morale qui est enfin le centre de l'univers comme il le souhaitait.
Je ne veux rien savoir de ce dossier et pourtant je sais.
Sans chercher, on me tend toutes les informations nécessaires à me faire détester pas seulement le malade mais aussi ceux qui s'y accroche pour vendre de la gazette.
Il y a de bons et de mauvais vampires.
Ne pas taire celui qui ne souhaite que du bruit autour de sa narcissique personne est un crime.
Voilà un accident sur le bord de l'autoroute qui dès le premier jour a dû été écourté de son modus operandi.
Pour que l'on circule en silence par la suite sur l'autoroute de la vie,
rebrassant des images épouvantables qu'on avait tellement pas besoin de regarder au début...
Mais tellement pas besoin d'y planter les yeux, dès le départ.
Faux-départ tel que présenté hier.
Mais une juge a pensé que oui.
Il en allait de la liberté d'expression.
La même qui fait naître des Jeff Fillion ou autre sous-merde.
La justice doit être publique. C'est un principe fondamental.
L'horreur peut aussi être voilée.
Surtout quand l'artiste derrière est convaincu de son talent.
Y a un juge qui s'est dit que non.
Faites-en votre cinéma-maison.
Ne pouvait-on pas lui donner une salle vide à cet être qui l'est tout autant?