Petit retard à l’allumage du côté de la rédaction, nous fermons aujourd’hui la série de présentation des franchises néo-zélandaises engagées dans le Super Rugby. Et pour boucler la boucle, qui de mieux que les Chiefs ? Champions en titre, les Chiefs remettent le trophée en jeu avec la ferme intention de le reconquérir et de réaliser la passe de deux. Au vue d’une saison entamée tambours battants avec à la clef deux succès probants face aux Highlanders (41-27) puis face aux Cheetahs (40-3), les Chiefs en sont pleinement capables. Attention cependant après cette première (courte) défaite en déplacement à Cape Town face aux Stormers (36-34).
Des scènes de joie comme celle-ci chez les Chiefs, on pourrait en voir régulièrement cette saison. De gauche à droite : Lelia Masaga, Sam Cane, Aaron Cruden et Liam Messam.
Leur saison 2012
En 2011, les Chiefs trustaient le ventre mou du classement (10ème) et ressemblaient à dire vrai à une franchise somme toute médiocre. Oui mais voilà, on connaît l’histoire, forts d’un nouveau staff et d’une nouvelle équipe, les Chiefs ont marqué le Super Rugby de leur empreinte. Jusqu’à le remporter.
Ce succès s’est d’abord forgé sur une saison régulière exceptionnelle les voyants débouler en tête de la conférence néo-zélandaise et à la seconde place du classement général, à deux unités des impitoyables Stormers. Plus qu’étonnants, les Chiefs ont été détonants. Du haut de leur 12 succès pour 4 revers, la province de Waikato a surtout impressionné par sa force sur le terrain, alliant puissance du pack et vitesse des 3/4. Le tout dans un jeu rempli de soutiens, de courses, de passes justes, de leurres, de combinaisons, de pattes, bref, du bon et du beau jeu. Une sorte de mélange entre les Crusaders et les Bulls. Rien que ça. Les Chiefs sont allés jusqu’à signer une série de 9 victoires de rang, un record la saison dernière.
Les Chiefs auront développé un jeu assez équilibré, la preuve en est par les chiffres : ils possédaient la 4ème meilleure attaque (27.8 points marqués par match) et la 5ème meilleure défense (22.4 points encaissés par match). Bref, les Chiefs avaient tout d’une grande équipe : le jeu, les leaders et la réussite.
Dave Rennie, head coach des Chiefs
Le staff
Statut quo à Hamilton. Le trio Dave Rennie (entraîneur en chef) – Wayne Smith (arrières) – Tom Coventry (avants) qui avait relancé les Chiefs à partir de la saison dernière rempile pour une saison. Rien de plus normal me direz-vous, tant le staff a fait ses preuves l’an passé. Il faut cependant déplorer le départ de Wally Rifle parti aux Blues se charger du physique des joueurs de John Kirwan.
Les transferts
Pas mal de mouvements à l’intersaison à Hamilton, mouvements tournant plutôt au désavantage des Chiefs. Ces derniers enregistrent la perte considérable de Sony Bill Williams qui – quoi qu’on en dise – était la pierre angulaire de l’attaque des Chiefs l’an passé. On ne remplace pas SBW comme cela et une chose est sûre : les Chiefs s’en seraient bien passé. Sona Taumalolo, autre figure de proue des Chiefs la saison dernière, est lui-aussi parti vaquer vers d’autres horizons, en l’occurrence l’USAP. A ceci viennent s’ajouter les pertes de Scott Waldrom (libre), de Jackson Willison (Blues) et de Declan O’Donnel (Highlanders). Pertes il est vrai nettement moins importantes.
Gareth Anscombe, recrue phare venue des Blues
Côté arrivés, on notera le transfuge de Gareth Anscombe, révélation du côté des Blues l’an passé. Il est venu seconder Aaron Cruden à l’ouverture ou exercer ses talents à l’arrière. Une arrivée déjà payante, tant Anscombe paraît nager comme un poisson dans l’eau chez les Chiefs. Responsable du jeu au pied, il a déjà inscrit la bagatelle de 41 points en deux matchs. Pas mal. Autres arrivés notables, Charlie Ngatai (en provenance des Hurricanes) et Bundee Aki (venu des Counties Manukau), fraîchement débarqués pour remplacer SBW au poste de premier centre. Patrick Osborne (venu des Crusaders) que l’on a pu apercevoir à l’aile lors de la première journée et Ross Filipo (passé par Bayonne puis par les Wasps) font également leur rentrée dans le groupe. Retrouvez ici tous les transferts.
L’équipe poste par poste
Ben Tameifuna : impact player par définition ou titulaire ?
Les Chiefs avaient notamment marqué les esprits par leur première ligne, aussi mobile que puissante. Il devrait en être de même cette année mais cette première ligne devrait être quelque peu recomposée. En effet, en l’absence de Sona Taumalolo, c’est sur le papier Ben Tameifuna, monstre de puissance qui devrait pousser à gauche de la mêlée. En effet, Tameifuna est polyvalent et peut jouer autant à gauche qu’à droite avec tout de même une préférence pour le n°3. Il sera mis à rude épreuve car Pauliasi Manu guette dans son dos. Manu plait visiblement beaucoup au staff, en attestent ses deux premières titularisations en deux matchs cette saison. Et finalement Tameifuna – pas forcément capable de tenir 80 minutes sur le pré – pourrait être souvent utilisé comme impact player au profit de Manu, plus mobile. A droite Ben Afeaki semble partir en pôle position, c’était déjà le cas lors des deux premières journées. Attention à Toby Smith, grand espoir (Baby Black en 2008) qui pourrait s’imposer. Là encore, Tameifuna pourrait être utilisé comme impact player. Josh Hohneck, régulièrement sur le banc des Chiefs l’an passé – sans plus – sera aussi de la partie. Solomona Sakalia et Mike Kainga apporteront de la profondeur de banc à une équipe qui n’en manque pas.
Au talonnage, grosse concurrence en perspective où Mahonri Schwalger et Hika Elliot se joueront une place de titulaire. Pour le moment, Schwalger est blessé et Elliot en profite mais ça ne serait tarder, tant Schwalger a été un leader du pack des champions en titre la saison dernière. Mais Elliot – lui – bénéficie de l’aura de sa nomination dans le squad des Blacks de cet automne. En fait, il ne devrait pas y avoir de réel titulaire à ce poste, tant les deux hommes évoluent su un pied d’égalité. Rhys Marshall, troisième talonneur, n’est pas à non plus plaindre, il était dans le squad des Baby Blacks l’an dernier.
Craig Clarke, capitaine exemplaire
En deuxième ligne, les Chiefs sont dotés – avec celui des Crusaders certainement – du meilleur attelage du pays, voire du Super Rugby. Un tandem Brodie Retallick – Craig Clarke, ça fait mouche. Les deux joueurs ont un style de jeu très similaire : toujours au soutien, bons sauteurs, durs au plaquage et dotés d’une activité à faire blanchir certains troisièmes lignes… Clarke possède en plus un talent de leader né, d’où une place de capitaine. Mike Fitzgerald et Ross Filipo (ancien All Black) s’imposent comme les remplaçants du duo d’enfer. Romana Graham quant à lui tentera de grappiller du temps de jeu, si c’est possible.
2013, une grande année pour Sam Cane ?
En troisième ligne, les Chiefs n’ont également rien à craindre. Ils possèdent dans leurs rangs deux des meilleurs flankers du pays : Liam Messam et Sam Cane. Messam – élu meilleur joueur maori du Super Rugby l’an passé et co-capitaine des Chiefs – apporte sa puissance, son leadership et son abatage tel un Jerome Kaino. Incontestablement, c’est le taulier du pack d’Hamilton. A droite, 2013 pourrait être une grande année pour Sam Cane. Proclamé comme successeur de McCaw, il pourrait devenir titulaire chez les Blacks et ce, dès le mois de juin. Pour le moment Cane s’imposera comme un titulaire indiscutable chez les Chiefs – ce qu’il n’était pas nécessairement l’an dernier – par son statut de plaqueur infatigable (contre les Highlanders pendant la 1ère journée il a été crédité de 23 plaquages), de gratteur et de joueur habile ballon en main. Bref un troisième ligne complet. Autre troisième ligne complet qu’est Tanerau Latimer (ancien All Black) qui sera la troisième lame au poste de flanker. Ceci dit, il devrait être remplaçant car Fritz Lee apparaît comme titulaire en n°8. Lee bénéficie d’un statut de spécialiste du poste, à la différence de Latimer. Lee a déjà été titularisé lors des deux premiers matchs, plutôt avec succès. Néanmoins, l’alternative de voir Latimer ou bien Messam évoluer en n°8 n’est pas exclue. Tout dépend du choix de jeu. Derrière, Nick Crosswell, Michael Leitch et Matt Vant Leven essaieront de prendre place sur le banc des Chiefs. Compliqué.
Aaron Cruden, gourou des Chiefs
A la mêlée, les Chiefs possèdent un formidable animateur en la personne de Tawera Kerr-Barlow. Bon animateur, Kerr-Barlow est aussi un attaquant d’exception, capable de mordre la ligne d’avantage à tout moment. Brendon Leonard, vieillissant, pourra apporter son expérience et ses 13 sélections chez les All Blacks. Titularisé face aux Cheetahs, Augustine Pulu pourra être intéressant, à tout point de vue. A l’ouverture, Aaron Cruden s’est affirmé l’an dernier comme le véritable gourou des Chiefs. Il n’y a pas de raison que cela change et Cruden devra mener avec brio le jeu des champions en titre. Les Chiefs se sont également attachés les services de Gareth Anscombe, révélation chez les Blues l’an passé. Mais barré par Cruden à l’ouverture il devrait jouer à l’arrière, comme ce fut le cas lors des deux premières journées. La possibilité de voir jouer soit Cruden soit Anscombe en premier centre semble (très) hypothétique.
Au centre on l’a dit, la province de Waikato devra faire sans Sony Bill Williams. Bundee Aki et Charlie Ngatai – tous deux spécialistes du poste – sont là pour le suppléer. Aki part comme favori et a inauguré sa première cap en Super Rugby avec brio face aux Highlanders. Mais Ngatai n’a pas dit son dernier mot et son expérience avec les Baby Blacks en 2010 parle pour lui. A priori, les Chiefs devraient finalement bien encaisser la perte de SBW. Une bonne nouvelle. En second centre, Richard Kahui, véritable taulier des Chiefs (il est là depuis 6 saisons) sera de la partie et devrait apporter beaucoup. Mais pour le moment il est blessé. Pas grave me direz vous, Tim Nanai-Williams est un remplaçant de choix. Replacé au centre de l’attaque, il offre une explosivité et une fougue dantesques. Il est certes un peu léger en défense. Mais Nanai-Williams est loin d’être un remplaçant bringuebalant. Andrew Horell peut aussi officier au centre. De multiples possibilités en perspective.
Aux ailes, les Chiefs sont remarquablement bien dotés, bien qu’ils n’aient dans leurs rangs aucun All Black. Lelia Masaga – extraordinaire l’an passé – devrait être de nouveau titulaire. Quand Kahui sera de retour, on imagine bien Nanai-Williams reprendre son poste d’ailier, et ce dans le XV type. Pour le moment Asaeli Tikoirotuma et Patrick Osborne le remplacent. Mais ce sont tous deux plus que de simples remplaçants. Et comme l’an passé, le staff des Chiefs devrait procéder à plusieurs rotations d’une journée à l’autre sur le back three. Maritimo Nemani essaiera de se frayer une place au milieu de tout ça.
Robbie Robinson, condamné à un rôle de remplaçant ?
A l’arrière, Robbie Robinson était le titulaire indiscutable l’an passé et a brillé par ses talents de relanceur. Oui mais voilà, l’arrivée d’Anscombe a tout changé. Et du coup, Robinson est promis à une poste de… remplaçant. A moins qu’il ne glisse à l’aile. Pour le moment Robinson est blessé et on verra ce qu’il en sera lorsqu’il reviendra. Andrew Horell est le second arrière de métier des Chiefs mais il peut également jouer second centre. Il reste condamné à un rôle de remplaçant. Et encore. Vous pouvez retrouvez ici l’effectif complet en image.
Notre pronostic
Vous l’avez vu, les Chiefs possèdent un effectif en béton. Le groupe, arrivé à maturité l’an dernier, gardera la même ossature. Et sur sa lignée de 2012, on voit mal à vrai dire ce qui pourrait empêcher les Chiefs de réaliser le doublé. Le début de saison bâclé par deux succès et la bagatelle de 81 points marqués en deux matchs est venu renforcer cette impression : les Chiefs sont en forme. Et avec une équipe aussi bien huilée qui sur le papier ne présente aucune faille et qui plus est mené par un staff de choix, les Chiefs semblent irrésistibles et il sera compliquer de les battre. De plus, la franchise d’Hamilton pourrait bien profiter de l’homogénéité de la poule néo-zed (Crusaders, Hurricanes, Highlanders et Blues semblent tout compte fait au même niveau) pour régner seul en Nouvelle-Zélande. Et finalement on peut en venir à ce constat : la seule inquiétude des Chiefs semble être de tomber contre plus fort que soi. On va être vite fixé avec le choc de ce week-end : Stormers-Chiefs. On verra aussi si Brumbies, Reds, Crusaders, Highlanders, Bulls et autres Sharks peuvent venir titiller l’ogre Chiefs. Les Highlanders sont déjà passé à la trappe, défaite 41-27 à la clef, le tout à Dunedin. Qui dit mieux ?
L’équipe type probable
XV d’Antoine: 1.Pauliasi Manu – 2. Mahonri Schwalger – 3. Ben Afeaki – 4.Craig Clarke (cap.) – 5. Brodie Retallick – 6. Liam Messam (vice cap.) – 7. Sam Cane – 8. Fritz Lee – 9. Tawera Kerr-Barlow – 10. Aaron Cruden – 11. Tim Nanai-Williams – 12. Bundee Aki – 13. Richard Kahui – 14. Lelia Masaga – 15. Gareth Anscombe.