Il y a quelques jours, mon rendez-vous chez le gynéco pour ma dernière échographie a déclenché une belle crise lacrymale (le bébé va bien (ce n'est donc pas pour ça que je pleure)). "Ben qu'est-ce qu'elle nous fait?" a demandé le gynéco à mon conjoint. Vous noterez le côté "Je ne vous parle pas directement Madame, mais à votre mari". Et bien voilà, Docteur: je pleure certes parce que j'ai des hormones à la noix, mais je pleure de colère parce que ça fait 2 grossesses que je pense ne pas vivre de manière optimale suite au suivi médical que vous me proposez.
Aujourd'hui, comme à chaque rendez-vous, je suis venue avec mes questions, mes craintes, ma pudeur, mon ressenti. Concernant mes questions, vous ne prenez pas le temps de me répondre ou de m'expliquer ce qui se passe exactement dans mon corps. Je sais ainsi que vous m'avez mise au repos suite à un col ouvert et à un bébé qui se présente, mais je le sais parce que ma sage-femme a eu ces infos, et a confirmé le diagnostic lors d'une consultation d'urgence où vous ne pouviez pas me recevoir.
Depuis le 4ème mois, je me plains de douleurs et m'interroge sur ma vie intime, vous me dites qu'il suffit de s'abstenir pendant quelques mois. J'apprends ensuite par le médecin que j'avais une infection, qui une fois traitée, m'a permis de vivre à nouveaux quelques instants de tendresse.
Je vous confie que j'ai parfois des contractions qui m'inquiètent, que je me suis pourtant mise au repos mais que ce n'est pas toujours évident avec une petite fille de 2 ans. Vous me répondez que si je ne suis pas capable de me reposer chez moi, je n'ai qu'à retourner bosser; et que si j'avais 4 enfants, je me débrouillerai.
Mais ce que j'attends c'est d'être rassurée, de comprendre concrètement ce que je peux faire pour que les semaines à venir gardent au chaud mon bébé, parce que depuis que je dois être allongée j'ai un peu la trouille. J'en ai aussi un peu marre que vous me laissiez les fesses à l'air sur votre "divan gynécologique" pendant 5 bonnes minutes alors que vous finiolez vos papiers, avec en plus mon homme à vos côtés.
Et à chaque consultation, c'est pareil: il faut vous rappeler mon parcours, vous ne connaissez pas mon dossier. Je ne demande pas que vous l'appreniez par coeur, mais prenez des notes bon sang, et consultez les! Je ne mets pas en cause vos compétences et vos connaissances, mais réfléchissez à la relation de soin, parce que si pour vous c'est le quotidien, pour nous ce sont des rendez-vous rares dans une vie. Et je ne fais pas partie de ces femmes qui ont une pleine confiance en ce qu'elles ressentent, alors aidez-moi à bien vivre ces 9 mois, qui sont quand même longs.
Voilà pour mon dernier rendez-vous. C'est peut-être un peu brouillon, un peu bête, mais je note là ces points concrets parce que je m'en souviens bien.
Plus généralement, je dresse pour mes deux grossesses le même bilan. Pour Petite L, j'étais suivie à l'hôpital, ce qui m'a value une prise en charge par plusieurs gynécologues différents. Pour le suivi, c'est bof-bof. Ceci dit, cela peut être un point positif quand l'un des médecins est du même gabarit que mon gynéco actuel (macho et pas à l'écoute), on se dit qu'aux prochain rendez-vous on verra le ou la gentil(le), celle qui nous demande comment on se sent et qui apporte des solutions aux troubles "secondaires".
L'attitude des gynécologues croisés m'a marquée, et ce même lors de l'accouchement, quand le chef de la maternité est venue me recoudre dans une indifférence totale... Bref, je n'ai rencontré que des toubibs "Dieu tout Puissant", plus inspirés par la technicité que par la personne qu'ils soignent. Je vis dans une ville en pénurie de gynécologues. On n'a donc pas vraiment le choix. J'avais donc prévu pour ma seconde grossesse d'être accompagnée par ma sage-femme, mais des petites complications m'ont mené rapidement dans le cabinet du gynécologue.
Heureusement, mes séances d'haptonomie avec elle me permettent d'aborder tout ce qui me questionne dans cette grossesse. J'ai aussi profité de l'entretien du 4ème mois avec cette professionnelle. J'aborderai dans un autre article l'intérêt de cet entretien et le professionnalisme des sages-femmes que j'ai pu rencontrer au cours de mes deux grossesses. Concernant mon expérience avec la gynécologie obstétrique, j'ose espérer qu'elle est isolée et peu représentative. Cependant elle touche à un moment important de ma vie de femme et je trouve nécessaire de souligner les maladresses et matraitances de ce milieu. J'avais lu il y quelques années le livre "Le Choeur des Femmes"(Martin Wincler, P.O.L ), que je conseille vivement parce qu'il nous ouvre un peu les yeux sur cette spécialité médicale, sur les erreurs et le manque de prise en compte des patientes.
Et vous, comment avez-vous vécu ou vivez vous votre relation avec les médecins lors de votre grossesse? Avez-vous confiance, osez vous dire les choses, avez-vous des réponses?