Depuis quinze ans, Jean-Pierre Siméon et son équipe ont essaimé, diffusé, distillé la poésie, ici et là, dans les villes, les quartiers, la périphérie, les villages… Le Printemps des poètes a pris son envol et, au même titre que la Fête de la musique, s’est inscrit dans notre paysage. Un long, lent, précieux et obstiné travail qui a permis de lever le voile sur la poésie et les poètes, ceux d’hier et d’aujourd’hui, trop souvent confinés dans des cahiers d’écolier mal noircis. Peu à peu, villes et villages affichent fièrement au frontispice de leur mairie un label « En poésie ». Et voilà que les écoles s’y mettent, elles aussi.
La 15e édition du Printemps des poètes entend donner de la voix. Dans tous les sens du terme. Ces temps-ci, mauvais temps pour le Printemps. Si le ministère de la Culture soutient sans faille la manifestation, le ministère de l’Éducation retire ses billes, sans crier gare !
Pour se donner du baume au cœur, on a ouvert ce petit livre d’un poète presque centenaire, toujours vivant, Lawrence Ferlinghetti : « Tu es Whitman, tu es Poe, tu es Mark Twain, tu es Emily Dickinson et Edna St Vincent Millay, tu es Neruda et Maïakovski et Pasolini, Américain(e) ou non, tu peux conquérir les conquérants avec des mots. / Si tu te veux poète, écris des journaux vivants. Sois reporter dans l’espace, envoie tes dépêches au suprême rédacteur en chef qui veut la vérité, rien que la vérité, et pas de bla-bla… » Ça s’appelle : Poésie, art de l’insurrection.