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PEOPLE : Mon week-end avec John Waters

Par Misteremma @misteremma

La 6ème édition du Off Screen Film Festival nous a comblé avec la venue du réalisateur camp trash John Waters comme invité d’honneur ce w-e du 9 mars 2013. Le BOZAR s’est transformé le temps d’un soir en nexus concentrant toute l’énergie de fans gays et hétéros, jeunes cinéastes et amoureux du queer des environs pour “This Filthy World”, le one man show de M. Waters déjà présenté en dehors des USA depuis plusieurs années et disponible également en DVD.

Durant 70min, John Waters nous a présenté une rétrospective de sa carrière cinématographique enveloppée dans de l’humour à papier rose bonbon avec quelques tâches suspectes ici et là, personne ne devenant “le pape du cinéma trash” avec uniquement du politiquement correct. De “Mondo Trasho” à “A Dirty Shame”, des titres de film bien révélateurs, M. Waters a évoqué ses inspirations provenant de sa vie quotidienne à Baltimore, de son amour pour le cinéma et les personnes de la rue, et de son amitié avec la regrettée Divine, travestie plantureuse passant sur écran de glamazone mangeant des excréments canins à mère de famille alcoolique et torturée.

John-Waters

Enfant, John Waters a commencé à s’intéresser au trash lorsque les soeurs de son école catholique listaient, comme avertissement, les films moralement répréhensibles du moment, lui donnant une base de matériel imprévue. Nous pouvions imaginer son excitation lorsqu’une bonne soeur énonça avec dégout “Love is my profession”. Nombreuses anecdotes faisaient directement écho à certaines scènes des films de M. Waters, le “don’t tell me about sex, I was married to an Italian” de son dernier film ayant été réellement prononcé par une de ses collaboratrices. Sa passion pour les titres de film porno a été évoquée, son préféré étant “My ass is haunted” (je lui aurais bien proposé le mien, lu un jour pluvieux dans un kiosque à journaux – “Viol par téléphone”). Son one man show s’est terminé par la divulgation éhontée des concepts les plus sombres et les plus hilarants du monde très fouillé des gays – des termes comme bear, otter, cub, V-crotch ou blossom n’ont dorénavant plus de secrets pour le public après ce w-e (et les autres iront googler après avoir lu cet article).

John Waters, sexagénaire jeune d’esprit et proche du public, s’est prêté au jeu du question-réponse avec beaucoup d’humour et de substance. Les fans les plus assidus qui n’ont pas eu peur de faire une file gargantuesque ont pu après son spectacle faire dédicacer le dernier livre de leur idole, “Role Models” paru en 2010.

La soirée s’est poursuivie, toujours dans la magifique salle Henry Le Boeuf du BOZAR, avec la projection du film “Polyester”, le premier film en Odorama. Le public avait reçu au préalable des cartes réimprimées pour l’occasion contenant 10 cases à gratter à certains moments spécifiés pour nous faire partager les odeurs du film: de la rose aux chaussures de sport humides et sales – comme si vous y étiez.

Polyester

Le lendemain, sur inscription, le week-end John Waters s’est poursuivi par une master class à la CINEMATEK avec une séance de questions/réponses sur sa carrière et le show business. Il a généreusement offert son expérience et ses conseils à la jeune génération de cinéastes, qui navigue aujourd’hui dans le cinéma version 2.0, dans un monde hyperconnecté avec des outils digne de la science-fiction (genre que notre réalisateur n’affectionne pas particulièrement – pourquoi ajouter des effets spéciaux à ce qui fait la valeur d’un film: des dialogues subtils et des jeux d’acteur intéressants ?). L’aura de l’idole remarquablement accessible a sans doute au début intimidé le public, qui ensuite ne tarissait plus de questions une fois la connivence installée dans la salle.

La venue triomphale de John Waters en Belgique au Off Screen Film Festival restera dans la mémoire de beaucoup d’entre nous du public comme un moment intimiste de partage sur l’humour et l’amour du cinéma camp et trash. Ces dernières paroles résonneront encore longtemps dans nos têtes, à savoir qu’aujourd’hui tout le monde peut faire des films avec un simple smartphone, et que pour redorer le blason des midnight movies, il faut simplement se sentir inspiré et se lancer dans l’aventure.

Plus d’infos sur la rétrospective et les cartes blanches John Waters du Off Screen Film Festival


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