Des Abeilles et des Hommes

Par Tedsifflera3fois

Les abeilles succombent en masse depuis une quinzaine d’années. Pourquoi sont-elles essentielles à la biodiversité? Pourquoi sont-elles peu à peu décimées? Quel est le rôle de l’homme et quels sont les risques pour l’homme? Sans jamais se montrer moralisateur, Des Abeilles et des hommes donne une vision globale du problème. Intéressant et instructif.

Synopsis : Entre 50 et 90% des abeilles ont disparu depuis quinze ans. Situation très préoccupante : 80 % des espèces végétales ont besoin des abeilles pour être fécondées…

Des Abeilles et des Hommes est un documentaire ludique et souvent fascinant qui explore des problématiques scientifiques et politico-économiques pour nous sensibiliser à la folle complexité du monde des abeilles et au danger que l’être humain fait porter sur elles et, par ricochet, sur lui-même. Markus Imhoof propose une approche complète à travers un triple point de vue riche et cohérent.

D’abord, il s’agit de voir, d’admirer les phénomènes naturels à leur échelle. Des très gros plans sur les guêpes et leurs activités nous permettent de saisir la beauté et l’harmonie qui se dégagent de leurs danses et de leurs activités frénétiques. Appréhender la vie au microscope à travers des mouvements de caméra fluides et impressionnants, digne d’un cinéma de fiction dynamique et grand public.

Ensuite, il s’agit de comprendre. Le film explique les mécanismes qui rendent l’abeille si utile à la biodiversité et à l’homme. La contribution de l’insecte à l’économie semble elle aussi énorme. Il s’agit surtout de mieux saisir un monde où l’animal à considérer pourrait être la ruche plutôt que l’abeille. De décrire le fonctionnement d’une intelligence distribuée qui est parfaitement étrangère à nos mécanismes d’êtres humains.

Enfin, le film s’engage. L’abeille est certes formidablement utile à l’économie, mais quand l’homme se sert de cette espèce comme d’un outil de production, quand les abeilles disparaissent à grande vitesse sous l’effet d’une exploitation agricole qui essaie de redéfinir et de s’approprier les mécanismes du vivant, alors le danger guette. Qui de l’homme ou de l’abeille est le meilleur pollinisateur, demande ironiquement le film?

Après les images de grâce de la nature telle qu’elle fonctionne par elle-même, le réalisateur suisse nous livre des images d’horreur. Des Abeilles et des Hommes devient un film inquiétant, le vivant une matière comme une autre. Les abeilles sont affaiblies, massacrées, des milliers de corps sont broyés. Le film enchaîne les visions insoutenables. Les mots décrivent sobrement des mécanismes, les images accusent, puis les mots reprennent leur valeur et évoquent le danger à venir pour l’espèce humaine.

Voir, comprendre, s’engager. Des Abeilles et des Hommes remplit parfaitement sa fonction. On aimerait souvent que le film aille plus loin, qu’il décrive mieux les mécanismes naturels et scientifiques d’une part, politiques et économiques d’autre part, qui sont à l’œuvre. On a l’impression de tout parcourir en surface.

Des Abeilles et des Hommes est donc à prendre comme une bonne introduction au sujet : un film qui éveille les consciences sur un thème délicat (la sensibilité humaine n’est pas très engagée quand il s’agit de défendre des insectes), intéressant et, Markus Imhoof arrive à nous en convaincre, crucial.

Note : 6/10

Des Abeilles et des Hommes (titre original : More than Honey)
Un film de Markus Imhoof avec la voix de Charles Berling
Documentaire – Suisse – 1h28 – Sorti le 20 février 2013