Une pièce de Ronald Harwood
Texte français de Dominique Hollier
Mise en scène Georges Werler
Avec Michel Aumont, Didier Sandre, Christiane Cohendy, Stéphanie Pasquet, Patrick Payet, Eric Verdin, Armand Eloi.
Décors Agostino Pace. Lumières Jacques Puisais.
Costumes Pascale Bordet.
Conception sonore Jean-Pierre Prevost.
"La pièce. Deux artistes au sommet de la gloire. Deux géants ! Richard Strauss (Michel Aumont) et Stéfan Zweig (Didier Sandre). Le premier, proche du régime nazi et se croyant tout puissant et intouchable, non concerné par la politique. Le second, craignant au contraire cette politique et la violence qu’elle allait sécréter. Ils s’admiraient. Ils créeront ensemble un opéra bouffe inspiré de Ben Johnson, "La Femme Silencieuse."».
Richard Strauss. Stéfan Zweig.
Deux immenses artistes. L'un est compositeur, l'autre écrivain. Deux hommes qui décident de collaborer pour créer une oeuvre, un opéra, un succès. Deux personnalités aussi. Strauss est volubile et imposant et toujours accompagné d'une épouse fantasque, drôle et impétueuse qui ne laisse rien passé. Sweig, lui, est un introverti modeste et maladroit, au premier mariage malheureux mais à l'intégrité et aux convictions inébranlables.
Ce qui les unit, c'est la passion pour leur art. Strauss compose pour respirer et Sweig écrit pour vivre. Ce même besoin vital les éloigne un peu de leurs contemporains, pour mieux les rapprocher. Un profond respect doublé d'une véritable amitié vont lier ces hommes pour toujours. Tout aurait été parfait dans le meilleur des mondes, si cette rencontre n'avait pas eu lieu en 1931, dans une Europe qui s'assombrit et où claque de plus en plus le bruit de bottes de mauvais augure.
Strauss est allemand et fier de l'être. Sweig est juif et comprend le danger qui monte. Pourtant, les deux amis continuent à écrire et à composer jusqu'à ce que le spectacle soit enfin prêt.
A la première, Hitler est attendu quand Sweig est persona non grata. Strauss s'insurge, mais plie. Sa propre belle-fille et ses petits-enfants, sont juifs et ouvertement menacés par le pouvoir en place.
Sweig fuit. Strauss reste. À la fin de la guerre, Sweig s'est suicidé. Strauss est jugé. Sa double collaboration pose question. Il aimait profondément Sweig, comme il tenait à sauver la vie des siens. Alors, de quoi est-il coupable ?
"Collaboration" est une pièce intense, qui débute avec une légèreté presque déconcertante. Ces deux grandes personnalités, interprétées avec brio par Michel Aumont et Didier Sandre, confrontées à une réalité implacable vont se révéler comme des êtres humains démunis plus que comme de grands hommes irréprochables. Voilà la force ce spectacle qui touche par la sensibilité des personnages, magnifiée par celle des comédiens. Et l'émotion de nous emporter jusqu'à la dernière seconde, quand retentissent les cris désespérés d'un Richard Strauss vieilli et abîmé par une histoire qui l'a, en tout, dépassé. Remarquable.
"Collaboration"
Au théâtre de La Madeleine
19 rue de Surène. 75008 Paris
Du mardi au samedi à 20H30
le samedi et le dimanche à 17h00
Tarifs : De 20 € à 58 € selon la catégorie
Res. 01 42 65 07 09