Un homme est mort

Publié le 11 mars 2013 par Lecridupeuple @cridupeuple

Reprise de mon édito du 7 mars 2013 pour Médiavox

Un homme est mort. Celui qui est décédé le 5 mars 2013 avait pour nom Hugo Chavez. Voué aux gémonies par les uns – l’oligarchie mais aussi une partie de la sociale-démocratie – autant que porté aux nues par les autres – ma gauche, notamment -, il ne méritait sûrement ni tant de haine ni tant de louanges.

Las, la vie politique exige un clair choix de camp, interdisant la distance critique. A l’heure où le peuple vénézuélien, dans sa grande majorité, pleure celui qui a contribué à améliorer ses conditions d’existence, puisqu’il faut choisir, je suis chaviste.

Je n’oublie pas que le « petit père des pauvres » a vraiment lutté pour offrir aux classes populaires un accès aux soins, au logement, à la nourriture – ces besoins fondamentaux qui ne sont pas encore satisfaits dans tant de pays et même pour des centaines de milliers d’habitants de mon pays.

Je n’oublie pas qu’il a créé une voie proprement vénézuélienne vers ce qui s’apparente à une socialisme démocratique. Chavez a été élu et son successeur désigné devrait l’être dans des conditions n’ayant rien à envier aux valeurs occidentales. Rappeler en actes qu’il est possible de faire de la politique pour le peuple et faire la démonstration qu’on peut avancer dans un processus révolutionnaire par les urnes restent les deux grandes leçons que donne Hugo Chavez à la gauche.

Cela n’en fait ni un guide ni un phare de la pensée. Le considérer comme tel serait lui faire insulte.

Viendra un temps – les oligarques et leurs laquais ayant trouvé d’autres proies – ma gauche pourra trier le bon grain socialiste de l’ivraie chaviste avec ses à côtés fleurant bon le culte de la personnalité. Ce temps nous sera nécessaire pour continuer à inventer l’utopie – qui est un réel inexploré – révolutionnaire pour l’Europe. Nous en parlerons de manière aussi distanciée que de l’expérience cubaine, de l’apport d’Evo Morales ou de Rafael Correa.

Pour l’heure, le temps est à l’émotion et Hugo Chavez n’est plus que symbole. Symbole adoré par les uns, symbole haï par les autres. Pour ma part, je veux rendre Hugo Chavez à ce qu’il a été : un être humain. L’avenir nous dira si le Venezuela continue sur la voie qu’il a ouverte et si, à cette aune, il deviendra un précurseur. A cette heure, un homme est mort.

A cet homme, avec l’affection que je lui dois, je veux chanter : « Il n’est pas de sauveur suprême / Ni dieu, ni César, ni tribun / Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes / Décrétons le salut commun ».

Nathanaël Uhl

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Bonus vidéo : Classico Latina « Hasta Siempre Comandante »