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La Grève

Publié le 11 mars 2013 par Olivier Walmacq

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Genre : Drame, muet, propagande

Année: 1924

Durée : 1H13

L’histoire : Dans une usine de la Russie des tsars, un ouvrier est accusé à tort d’être un voleur. Cette injustice provoque une grève.

La critique de Vince12 :

Attention chef d’œuvre ! J’ai nommé La Grève réalisé en 1924 par le géant Serguei Eisenstein. A cette époque, Eisenstein n’est pas encore la légende du septième art qu’il deviendra, La Grève étant son premier film. Cependant ce premier film, réalisé un an avant le mythique et monumental Cuirassé Potemkine, va largement contribuer à son ascension artistique.

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Il ne faut pas l’oublier, en 1924, nous somme en plein URSS. Le cinéma est donc au service de la propagande. Sans compter que Sergei Eisenstein n’a jamais caché son rattachement à l’idéologie communiste de la Russie de l’époque. Eisenstein accepte alors de  réaliser un film chronique sur la période du tsarisme. Le but étant de montrer une vision très sombre, pour faire relativiser la situation actuelle de la Russie. Mais également faire comprendre « l’importance » de la révolution de 1917.

Attention SPOILERS

2

Au début du XXème siècle, l’histoire d’une usine dans la Russie des tsars. Tout paraît calme, le patron est satisfait de la production. Pourtant une grève se prépare. Les ouvriers à l’origine de ce début de mouvement sont dénoncés par un contremaître.  L’état choisi d’envoyer des indics pour pister les mouvements de grève.

Pendant ce temps un ouvrier de l’usine, accusé à tort de vol, finit par se suicider. Cette tragédie met le feu aux poudres et la grève se déclenche enfin.

Les patrons ripostent mais cela ne fait qu’inciter les ouvriers à prolonger la grève. La police d’état n’hésite pas à faire appel à la pègre locale pour monter une provocation.

Une manifestation va alors tourner en un odieux carnage.

2,5

L’histoire de La Grève est parfois difficile à suivre car elle n’est pas linéaire. Comme souvent chez le réalisateur il n’y a pas de personnage principal. Le film cherche avant tout à dresser une chronique des mouvements grévistes de l’époque.

On peut donc dire que la Grève par la structure de son scénario annonce déjà le cinéma d’Eisenstein. Mais également par le style de la réalisation qui dévoile déjà le génie du cinéaste.  En effet c’est dans ce film qu’Eisenstein expérimente sa théorie du « montage des attractions ».

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Le réalisateur filme des plans d’une grande beauté et d’une grande précision. La puissance du film émane littéralement des images.  Pour illustrer son propos, Eisenstein a recours à la métaphore. On citera bien évidemment le côté caricatural des patrons et de la bourgeoisie. Mais on retiendra surtout la scène du massacre final mise en comparaison avec les images de l’abattage des bœufs à la boucherie. D’ailleurs à ce niveau le film ne fait de concessions. Malgré le fait qu’il date des années 20, ce long métrage à l’image des autres films muets du réalisateur se révèle très violent pour l’époque. On pense à la tuerie finale déjà évoqué ci-dessus mais également aux meurtres perpétrés par les soldats du tsar dans les quartiers ouvriers. Femmes et enfants seront abominablement massacrés.

Clairement si La Grève est une œuvre de propagande, on peut aussi y voir une chronique sur la tyrannie du tsarisme mais également des sociétés totalitaires ou la voix de l’ouvrier est étranglée par les forces de l’état. Impossible de rester de marbre devant certaines scènes.   

4

  Formellement le film est évidemment novateur puisqu’une fois encore, Eisenstein y innove des nouvelles méthodes de montage. Clairement on comprend bien vite qu’on a sous les yeux un authentique chef d’œuvre en avance sur son temps.

Dire qu’Eisenstein place la barre très haute pour un premier long métrage est vraiment trop faible. Premier film et premier chef d’œuvre qui révolutionne le septième art. De plus, depuis sa restauration en 1969, La Grève est accompagné par les symphonies de Chostakovitch. En 1925 le film recevra la médaille d’or de l’exposition des arts décoratifs à Paris. 

5

Avec La Grève, on assiste à l’émergence d’un des plus grands génies de l’histoire du cinéma. C’est un chef d’œuvre puissant à voir absolument pour les cinéphiles.

   

Note : 18,5/20

LA GREVE (1925) [Eisenstein] - domaine public - 1/6


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En 1912, dans la Russie tsariste, les ouvriers d'une usine sont poussés à bout par des conditions de travail éreintantes, et des espions choisis parmi le lumpenprolétariat sont chargés de dénicher les meneurs syndicalistes. Un ouvrier est accusé à tort d'avoir volé un manomètre...
La Grève (Stachka ou Стачка) est un film soviétique de Sergueï Eisenstein (1898-1948), réalisé en 1924, mais sorti en 1925. Il s'agit du premier film du réalisateur, qui connaîtra la consécration la même année avec Le Cuirassé Potemkine.
Le film, qui devait être le cinquième d'une série qui se serait intitulée : " itemprop="description" />Eisenstein choisit de présenter une forme exemplaire de résistance à l'oppression : la grève. Mais, loin d'en faire une description réaliste ou une reconstitution historique, il en fait plus un film qui apparaît comme un "manuel du savoir faire grève à l'usage de toutes les générations du monde".
Eisenstein y fait preuve d'une remarquable maîtrise (c'est son premier film) dans le cadre, le montage et la symbolique. Le destin des ouvriers écrasés par le système est mis en parallèle avec celui d'animaux (jusqu'à "l'abattage" final, monté en parallèle avec celui de bétail), en opposition avec la vie des bourgeois qui pourtant ne sont rien sans le peuple.
Le film fut restauré et sonorisé en 1969, avec des extraits des cinquième et sixième symphonies de Shostakovitch.
[source: Wikipedia]" />

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