Habent sua fatta libelli

Par Citoyenhmida

Si je donne à ce billet un titre en latin, ce n’est pas par snobisme ou par pédantisme, mais tout juste parce que ces mots, dont la paternité n’est pas clairement établie,  traduisent exactement l’idée de l’ouvrage que je vous présente dans ce billet.

En effet, l’essai de Frédéric ROUVILLONS paru chez Flammarion en août 2011 sous le titre “UNE HISTOIRE DES BEST-SELLERS” peut se résumer à ce constat : “les livres ont leur destinée“.

Les lecteurs lambda que nous sommes  nous sommes souvent posé la question de connaitre  la ou les raisons du succès, parfois aussi inattendu que phénoménal, de certains ouvrages.

L’auteur a tenté d’y répondre en abordant le problème sous un  double point de vue : “un livre nait-il best-seller ou le devient-il?”

Il récuse d’entrée l’idée que un best-seller serait d’office une œuvre de qualité médiocre comme on a trop tendance à le croire en accolant le mot de “best-seller” à une simple notion de nombre d’exemplauires vendus, sans référence à son contenu.

L’auteur avance trois critères qui traceraient le contour de la vie d’un best-seller:

  • le chiffre de vente.
  • le temps mis pour que le succès se déclenche.
  • l’impact géographique du livre.

Ensuite, Frédéric ROUIVILLOIS  entreprend de nous expliquer comment les auteurs d’une part et les éditeurs d’autres part interviennent  pour transformer une production littéraire “quelconque” en best-seller. Ils n’hésitent pas  à élaborer de complexes plans de communication et des subtiles stratégies de markéting, associées parfois à des recettes miracles parfois pas très recommandables.

Pour finir, l’auteur reconnait une grande responsabilité aux lecteurs dans le phénomène du best-seller. En effet, l’acheteur – parce que en fin de compte c’est bien le client qui participe au phénomène du best-seller – réagit de manière assez irrationnelle face à une œuvre donnée. Quand son choix n’est pas guidé par simple mimétisme, il est orienté soit par le sentiment de “devoir lire” tel ou tel livre ou pire encore par le simple attrait de la facilité.

Présenté de la sorte, le livre de Frédéric Rouivillois peut sembler léger, pourtant le sujet est très intéressant et traité de manière très académique.

Chaque chapitre renvoie à une cinquantaine de références, bien documentées. Un index des noms et un index des  best-sellers fournissent les listes  des auteurs et des ouvrages les plus vendus.

D’ailleurs, la masse d’exemples qu’il répertorie et qu’il analyse est impressionnante. Juste quelques exemples au hasard :

  •  LA BIBLE – traduite en 2.167 langues – est le plus grand best-seller de tous les temps; le Coran, dans sa version arabe, figure en troisième position, précédé de loin par Le Petit Livre Rouge de Mao Zetong.
  • AUTANT EN EMPORTE LE VENT aurait pu resté caché dans le fond d’un tiroir de Margaret Mitchell et ne jamais être édité.
  • Le nombre de pages ne constitue pas une garantie du succès ou non d’un livre : INDIGNEZ-VOUS de Stéphane Hessel fait une trentaine de pages. LE PETIT PRINCE d’Antoine de Saint-Exupéry en fait moins d’une centaine alors que MILLENIUM est une trilogie de plus de 650 pages par volume.
  • Le  DON QUICHOTTE  de Miguel de CERVENTES a été assez curieusement, le premier roman à devenir dès son parution en 1605 un véritable best-seller, qui répondait déjà aux règles du genre.
  • Françoise SAGAN avec de petites rédactions intimistes et J.-K. RONGLING avec sa saga autour de Harry Poter ont  produit des best-sellers.
  • Des stars de la télévision peuvent participer très activement au lancement d’un best-seller, comme ce fut le cas pour Bernard PIVOT en France ou Winfray OPRAH aux USA.

Un livre à consulter par “les amoureux de la lecture et les les curieux d’histoire littéraire“.

P.S. : je reconnais avoir beaucoup pensé à notre Savadorali en écrivant ce billet, pour des raisons qu’il connait.