René Frégni : la pensée jaillissante de l’autodidacte (6/8)

Publié le 11 mars 2013 par Sheumas

Quelque temps plus tard, au cours d’une conférence, René a évoqué le cas de Paulo... Et, dans l’assistance, une femme, une « belle femme lumineuse », lui a demandé si elle pouvait écrire à Paulo. Quelques jours plus tard, Paulo a reçu de cette femme la première carte d’une longue série. Alors, Paulo est devenu plus pressant : il a demandé à René de jouer son rôle de romancier et de la lui décrire, afin qu’il puisse l’imaginer, afin qu’il puisse mettre des mots derrière le quotidien des courriers. Et il a appris à lire, puis à écrire pour répondre tout seul à cette « femme de lettres » qu’il ne cessait de voir à ses côtés. Et un jour, elle est venue aux Baumettes, elle est venue l’Héroïne de tous les romans... Il y a des rendez vous plus romantiques, mais celui-là valait tous les rossignols et tous les clairs de lune à Maubeuge... Au sortir du parloir, Paulo le romantique et sa Dame ont demandé le mariage et René a accepté d’être le témoin...

Il raconte cela simplement, et les élèves écarquillent les yeux. Ils ont du mal à le croire... C’est ça aussi, un écrivain ! Quelqu’un qui, comme il le rappelle, n’a pour tout diplôme que la longueur de son sexe... Et encore ! Nouvelle blague : il confie s’être rendu récemment à une conférence sur « l’éjaculation précoce »... Mais il est arrivé cinq minutes en avance et c’était déjà fini ! Un écrivain, c’est quelqu’un qui poursuit son œuvre, loin des lumières et des plateaux, loin de ce « parisianisme triomphant » où les écrivains sont surtout des journalistes qui se flattent et se flagornent et qui s’offrent, sous la lueur douce des projecteurs, des renvois permanents d’ascenseurs vides.