En réalisant des fouilles autour et à l’intérieur de l’abri sous roche Takarkori, dans le désert du Sahara libyen, une équipe de chercheurs ont découvert 20 squelettes datant de l’Age de pierre.
L’abri sous roche Takarkori, situé dans les montagnes de Tadrart Acacus, en Libyerecèle de vestiges remontant à l’époque de l’Age de pierre. Récemment, une équipe de chercheurs a ainsi mis au jour 20 squelettes vieux de 4.200 à 8.000 ans. Cette découverte indique que le site a été utilisé comme lieu de sépulture durant des milliers d’années.
Mary Ann Tafuri, co-auteur de l’étude et archéologue a l’Université de Cambridge explique dans un communiqué : "Le site a dû être un lieu de mémoire. Au fil du temps et des générations, les habitants y ont enterré leurs morts". Les observations, parues dans la revue Journal of Anthropological Archaeology révèlent la présence d’ossements appartenant à 15 femmes et enfants enterrés à l’intérieur de l’abri. Ceux de cinq hommes ont quant à eux été retrouvés ensevelis aux alentours sous des monceaux de pierres appelés tumuli.
L’âge des différents squelettes a pu être défini au moyen d'analyses d'isotope de carbone stable. Les résultats révèlent que les femmes et les enfants ont été enterrés entre 7.300 et 5.600 ans tandis que les sépultures des hommes remontent seulement à 4.500 ans. L’enterrement des hommes, lié à une évolution de la culture, semble correspondre aux changements du climat de la région, devenu plus aride.
Un changement de culture lié aux variations de climat
Selon les chercheurs, il y a environ 8.000 ans, le désert du Sahara était plus humide et arborait une végétation abondante. Les premiers chasseurs-cueilleurs qui ont peuplé la zone, menaient une vie semi-sédentaire en chassant le gibier et en récoltant des baies et céréales sauvages. Lorsque la région est devenue désertique, les populations ont changé leur mode de vie. Les hommes sont devenus nomades et ont commencé à élever du bétail.
Les fouilles menées entre 2003 et 2006 sur le site de l’abri sous roche, ont décelé un certain nombre de vestige appuyant cette théorie de changement de culture liée au changement du milieu. Marina Gallinaro, archéologue à l'Université La Sapienza de Rome fait partie des chercheurs qui ont sondé la zone dans ses moindres détails. Interrogée par Live Science, elle indique la mise en évidence d’une société autrefois divisée.
"L'utilisation exclusive de l'abri sous roche comme lieu de sépultures féminines renvoie à une division persistante fondée sur le sexe", explique la scientifique. Elle conclut : "Il est possible que durant un premier temps, les femmes ont eu un rôle plus important dans la société. Mais une fois que le Sahara a commencé son expansion, il y a environ 5.000 ans, la culture a changé et l'importance des hommes a peut-être augmenté en conséquence".
(Crédit photo : Mary Ann Tafuri et Mission archéologique de l'Université du Sahara, La Sapienza de Rome)