Quatre tout petits minuscules points: c'est ce qui aura manqué à Neel Jani aujourd'hui pour décrocher le titre dans le championnat A1GP, cette série qui se dispute par équipes nationales. En fait, ce qui aura surtout manqué au Biennois, dans la deuxième des courses de la journée, c'est... la 2e vitesse!
Bon, mais reprenons depuis le début. Enfin, disons, au moins depuis les essais... Nous sommes donc à Shanghai, en A1GP, et l'équipe de Suisse est leader du championnat. Neel Jani a décroché la pole position dans les deux courses de la journée et ses adversaires directs, encore en lice pour le titre, sont un peu largués (la Nouvelle-Zélande est 5e et 7e, la France est 18e et 10e, la Grande-Bretagne est 10e et 8e).
La première course fait toujours l'objet d'un départ lancé, technique que Neel Jani maîtrise, après une année passée en ChampCar qui pratique aussi de la sorte. Le Biennois se portera donc immédiatement en tête du peloton et creusera un écart suffisant pour ne pas être inquiété dans cette course "sprint" (10 tours). Pendant ce temps, Jonny Reid (NZL) sera victime d'un accrochage lors du départ (abandon), Robbie Kerr (GB) terminera 9e, marquant 2 points, et Franck Montagny (F), ne récupérera aucun point de sa 12e place.
A ce moment-là de la journée (soit super-tôt ce matin pour nous mais vers midi pour eux sur place), la Suisse n'a plus que deux points à grapiller sur la Nouvelle-Zélande pour avoir le titre en poche (tout en surveillant bien entendu la France et la Grande-Bretagne afin qu'elles ne marquent pas une dizaine de points dans son dos). Là, avec la pole position (et ses adversaires directs assez loin derrière), on est en droit de se dire que c'est dans la poche.
Oui, mais non. Parce que c'est aussi ça, la course automobile: des rebondissements, des surprises, des coups du sort, des coups de chance.... Et là, la Suisse a de nouveau joué d'un peu de malchance. Notez que si on regarde du côté de la Nouvelle-Zélande, c'est elle qui a eu la malchance dans la course d'avant alors, sur ce coup, c'est un partout!
Donc, dans cette deuxième course, Neel Jani, qui s'était fait surprendre au départ par Jonhathan Summerton (USA), avait décidé de filer le train à ce jeune Américain impertinent. Les deux avaient pris une confortable avance sur le reste du peloton et étaient restés sur leurs positions, même après le premier ravaitaillement. Mais au 14e tour, Neel Jani annonçait qu'il n'avait plus de 2e vitesse (perdue on ne sait où, ces gamins sont des fois un peu tête-en-l'air, moi j'dis...).
Et ressortir de certains virages serrés sans 2e vitesse, c'est un peu cata... Et ses poursuivants, dont Jonny Reid, ne se sont pas gênés pour remonter sur le Suisse et lui mettre une pression d'enfer. Pression encore augmentée par l'annonce, dans son oreillette: "Accélère, sinon tu vas perdre quatre rangs au prochain ravitaillement!" Sympa... Et le pire, c'est qu'il a effectivement perdu du temps, et des places, au "pit-stop" mais pas parce qu'il avait trop ralenti en piste: une roue a eu du mal à se décoller et l'arrêt a duré franchement trop longtemps...
Résultats des courses (enfin de la course): Neel Jani a terminé 5e, juste derrière Jonny Reid, qui lui a donc repris deux points dans la foulée. Là, avec 29 points d'avance, il ne manque plus que quatre points à la Suisse pour être titrée, et Neel Jani avec. Quatre points, ça représente une 7e place, ou une 8e place et une 10e place, ou deux 9e place. Autrement dit, un résultat tout à fait à la portée du Biennois. Sachant que, en plus, Jonny Reid devrait réaliser le carton plein (deux victoires et deux fois le meilleur tour en course) pour déborder la Suisse.
Je ne vais pas vendre la peau du kiwi avant de l'avoir pelé mais je pense qu'il y a de grandes chances pour que Neel Jani nous ramène ce trophée à la maison. Rendez-vous dans trois semaines, à Brands Hatch (GB).
Jacqueline