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Collection Pierre Bergé : un volume 4 qui n'est pas si singulier

Publié le 11 mars 2013 par Philippe Delaide

Lorsque Pierre Bergé a été interviewé à propos de la collection qu'il vient de lancer il y a quelques mois, il mentionnait qu'il était soucieux d'éditer (ou plutôt rééditer) des interprétations de grandes oeuvres qui ont exercé un influence importante sur son expérience discographique. Avec l'aide complice d'André Tubeuf, dont l'érudition fait indéniablement référence, Pierre Bergé a supervisé l'édition des six premiers volumes de cette collection.

Comme il le mentionne dans la petite introduction de chacun des volumes, ce travail éditorial est guidé par une démarche "culturelle certes, mais aussi sociale et civique". Sa démarche est animée par le souci de créer une collection de disque "populaire mais élitiste". Il veut dire par là, proposer à un prix abordable, une collection à la présentation soignée, avec des oeuvres et des interprètes d'exception.

Connesson musique de chambre
On y retrouve en effet des "monuments" comme la Symphonie Fantastique d'Hector Berlioz par Charles Munch, avec l'Orchestre Symphonique de Boston, (couplée avec Les nuits d'été, accompagné de Victoria de Los Angeles) (volume 1), Un Requiem de Verdi, dirigé par Victor de Sabata avec des solistes de légende comme Elisabeth Schwartzkopf, Giuseppe di Stefano, avec l'Orchestre de la Scala de Milan (volume 2), ou bien encore, notamment, les trois dernières sonates pour piano de Beethoven par Yves Nat (volume 6).

Ce lien permet de prendre connaissance du contenu complet des six volumes.

Pour démontrer que la collection ne se cantonne pas à faire revivre des interprétations qui se sont révélées à l'époque de l'émergence du microsillon et ne repose pas seulement sur une vision passéiste de la musique, Pierre Bergé et André Tubeuf ont consacré l'un des volumes à la création contemporaine. Il s'agit du volume 4 qui regroupe des oeuvres de Guillaume Connesson.

Le volume comprend un CD et un DVD. Le CD regroupe 3 pièces pour violoncelle et piano, les Chants de l'Agartha, dédiées à Jérôme Pernoo et Jérôme Ducros, que ces derniers interprètent - Les Constellations, 2 pièces pour alto (Lise Berthaud) et piano (Jérôme Ducros) - Les Chants de l'Atlantide pour violon (Sergey Malov), et piano (Jérôme Ducros) - Adams Variations (Florent Hénau, clarinette / Sergey Malov, Jérôme Pernoo, Jérôme Ducors) - Disco - Toccata (Florent Héau / Jérôme Pernoo) et un Quatuor à cordes (Ayako Tanaka, violon / Sergey Malov / Lise Berthaud / Jérôme Pernoo).

Ne nous détrompons pas : même si André Tubeuf se refuse absolument de dire dans son introduction au volume 4 que la musique de Guillaume Connesson incarnerait un "nouveau classicisme", il convient tout de même de dire que les oeuvres que l'on écoute là sont dans la lignée des grands compositeurs classiques et ne s'apparentent absolument pas aux courants de musique contemporaine qui ont effectué une rupture avec la musique tonale comme, par exemple, le sérialisme. Guillaume Connaisson revendique d'ailleurs la filiation avec des mouvements très divers mais qui ont en commun le fait que la construction mélodique et harmonique demeure tout à fait classique.

Ce sont alors les climats, les tonalités des oeuvres qui doivent nous interpeler et, surtout, un certain sens de l'introspection, avec, également, la problématique universelle de la relation de l'Homme au Cosmos, tout comme chez Olivier Messiaen, par exemple.

Dans ce volume, j'ai surtout été marqué par le quatuor à cordes, commande de Jérôme Pernoo, écrit en 2010, ainsi que par les deux belles pièces de Constellations pour alto et piano, d'ailleurs très bien interprétées.

Les créations de Guillaume Connesson demandent à l'auditeur un travail d'isolement par rapport aux torpeurs du monde, exige que l'on rassemble et retrouve ses esprits, pour appréhender toute l'intériorité de sa musique. On notera l'engagement indéniable de Jérôme Pernoo que l'on sent très habité par ces compositions qu'il restitue avec sensibilité.

Comme le suggère André Tubeuf, on peut alors retrouver les saveurs d'un monde perdu, éprouver cette paradoxale sensation de nostalgie d'un monde rêvé que l'on aurait aimé connaître.

Le couplage avec le DVD apporte une autre dimension. Outre des interviews (Guillaume Connesson, Jérôme Pernoo et le réalisateur Stephan Aubé), le DVD propose des clips où les interprétations des plages 1 à 10 sont filmées avec un certain parti pris esthétique qui change quelque peu des captations vidéos classiques.

Je vous propose ci-dessous l'interview de Guillaume Connesson réalisée par Qobuz, récupérée sur Dailymotion.


Rencontre avec Guillaume Connesson... par qobuzmedia

Lien direct vers une interview de Pierre Bergé et André Tubeuf réalisée par Yves Riesel.


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