Négociation salariale

Publié le 10 mars 2013 par Malesherbes

Nous assistons actuellement à une vraie négociation : patrons et représentants des salariés discutent pour faire évoluer le droit du travail. Jusqu’ici, aucun accord n’a pu être trouvé et on se trouve dans une situation de blocage.

Il n’en va pas de même au niveau d’une entreprise où la balance n’est pas égale entre les deux parties, les salariés ayant alors le plus souvent seulement une voix consultative. Dans la société où j’ai accompli la quasi-totalité de ma carrière, chaque année avait lieu ce que l’on nommait pompeusement une négociation salariale. Les deux parties discutaient mais ne parvenaient pas toujours à se mettre d’accord. L’employeur maintenait alors sa proposition, enregistrait le désaccord des syndicats et c’est sa proposition qui était appliquée. J’ai le faible de ne pas considérer cette démarche comme une négociation.

Autre exemple, toujours aussi personnel. J’ai commencé ma carrière dans une société métallurgique. Créée pour exploiter une invention, elle était restée longtemps prospère, menant une politique de personnel plutôt paternaliste. C’est ainsi que les cadres étaient logés et que ceux avec des enfants voyaient leurs allocations familiales doublées par l’entreprise. Les difficultés venues, l’entreprise fut absorbée par une autre, à la politique salariale moins généreuse. Naturellement, on s’aligna sur le moins-disant. Des loyers furent perçus et les majorations pour famille disparurent. Toutefois, afin de ne pas pénaliser trop brutalement les salariés concernés, l’entreprise calcula pour chacun d’entre eux le total des avantages ainsi supprimés et leur versa une prime temporaire d’un même montant. A chaque augmentation de salaire ultérieure, cette prime était diminuée de la moitié de cette augmentation. Il y eut ainsi un décrochage entre l’augmentation des prix et l’évolution des salaires, frappant plus sévèrement les moins augmentés, c’est-à-dire les plus anciens.

Mon propos ici n’est pas d’apprécier le bien-fondé d’une telle politique. Je veux simplement illustrer le fait qu’entre employeurs et salariés la partie n’est pas égale et que seule la loi et l’union des salariés permettent de compenser un peu ce déséquilibre. N’oublions pas que, si l’entrepreneur peut licencier un salarié, l’inverse n’est pas possible. Cette constatation permet de comprendre pourquoi le plus souvent ce que l’on appelle une négociation n’est en fait qu’une comédie.