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Paris-Berry - Frédéric Berthet

Publié le 10 mars 2013 par Litterature_blog
Paris-Berry - Frédéric Berthet Philippe Sollers disait de lui qu’il était « le plus doué de sa génération ». Frédéric Berthet aura finalement publié bien peu de textes avant de quitter définitivement la scène à 49 ans, en 2003, rongé par l’alcool et le désespoir. Son roman Daimler s’en va (Prix Roger Nimier 1989) restera son seul véritable succès. Il voulait écrire un livre, « un grand livre », puis s’en aller, comme Salinger. Le journaliste Philippe Lacoche a dressé de lui un beau portrait dans le Courrier Picard il y a quelques jours : « Il était non seulement titulaire d’une plume singulière, étonnante, mais aussi et surtout d’un esprit vif et d’une intelligence à fleur de peau qui a fini, certainement, par lui jouer des tours. On sait tous qu’il ne faut pas être trop intelligent pour vivre vieux. Un peu oui, peut servir. Trop ouvre l’écluse des eaux glacées de la lucidité qui finissent par vous noyer. Hydrocution par angoisse. »  
Dans Paris-Berry, Berthet raconte son installation dans une maison prêtée par une amie au cœur du Berry. C’est là qu’il doit écrire son prochain roman. Mais chaque fois qu’il est devant la machine à écrire, sa pensée s’égare. Il ne fait que raconter de petits événements du quotidien (l’arrivée du facteur, les facéties du chat, une fuite d’eau qui inonde la maison, la visite d’une jeune héritière…), des souvenirs anciens de ses rencontres avec Blondin et Roland Barthes ou encore ses années américaines. Des bribes, des fragments, au mieux de courtes nouvelles. Une sorte de procrastination littéraire qui donne au final un tout que j’ai personnellement dégusté avec grand plaisir. Il faut bien sûr aimer l’épure, l’écriture minuscule des petits riens à la Delerm. Même si contrairement à ce dernier il ne tombe pas dans la célébration systématique de ces petits riens. Le style est vif, pétillant, souvent drôle, parfois grave. Succulent.    De jolies chroniques, donc, où Berthet montre, entre autres, un talent rare dans l’utilisation de la virgule : « Dans ce livre, j’aime les virgules. Les brins d’herbe de Walt Whitman. Virgules couchées sous le vent. Minuscules attentes de ce qui va venir. Choses, corps souples. Mes virgules sont mes catins. Qui a jamais prétendu que l’on devait écrire, lire, en apnée ? Pourquoi aucune halte ? Même courte, la randonnée est longue. Comment dit-on : prendre son temps ? » A découvrir si vous aimez la forme courte et les écrits minimalistes. Pour moi ce fut une bien belle découverte que je vais prolonger avec Felicidad, un recueil de nouvelles également réédité par La table ronde en ce début d’année.    Paris-Berry de Frédéric Berthet. La table ronde, 2013. 110 pages. 5,90 €.

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