De prime abord, déjà, la promesse de la banque a indiscutablement de quoi attirer l'attention : avec IKO, ses clients vont pouvoir remplacer leur porte-monnaie et leurs cartes de crédit par leur téléphone. Plus précisément, l'application permet l'envoi d'argent "P2P" (de "pair à pair"), le paiement en boutique et en ligne et le retrait d'espèces sur automate (mais qui aura encore besoin d'espèces ?). Incidemment, l'utilisateur pourra aussi consulter les dernières opérations et le solde de ses comptes...
Comment cela fonctionne-t-il ? Hormis les transferts P2P (gérés, classiquement, comme de simples virements pour lesquels le destinataire est identifié par son numéro de mobile), l'ensemble des fonctions proposées repose sur un système unique : quelle que soit l'opération, l'application va générer un code à 6 chiffres qu'il suffit ensuite de reporter, qui sur le GAB, qui sur le site de e-commerce, qui sur le terminal de paiement du commerçant, pour finaliser la transaction (avec, cependant, une demande de confirmation sur le téléphone, dans certains cas).
Il est même prévu un mode opératoire, qualifié de "chèque virtuel", qui permet de s'affranchir de l'utilisation systématique du mobile. Apparemment (je ne lis malheureusement pas le polonais couramment), il serait ainsi possible de générer des "bons" de retrait ou d'achat, utilisables dans les mêmes conditions que les codes générés par l'application IKO.
En termes de sécurité, outre le code PIN protégeant l'accès aux services et la confirmation de paiement requise dans certains cas, le système propose à l'utilisateur de définir ses propres limites de dépenses, que ce soit sur le montant des transactions ou sur leur fréquence, par type d'opération.
Complément intéressant de l'initiative, peut-être indispensable de nos jours, PKO Bank Polski a mis en place une page sur Facebook pour accompagner le lancement d'IKO. Celle-ci a vocation à rassembler une communauté autour du paiement via téléphone mobile.
Sur le front "marchands", la banque bénéficie d'une position particulière, puisqu'elle est le premier établissement acquéreur en Pologne, ce qui facilite la diffusion de sa technologie chez les commerçants et laisse espérer l'atteinte rapide d'une masse critique. D'ores et déjà, au moins un fournisseur local de terminaux de paiement a mis son parc à niveau, garantissant la compatibilité d'un grand nombre de points de vente, et quelques sites web importants ont intégré la solution (dont, par exemple, Groupon).
L'universalité des usages de l'application IKO pourrait bien être un argument décisif pour son adoption par les consommateurs. Rares sont en effet les solutions qui ont ainsi le potentiel de remplacer totalement la carte bancaire (et les chèques). Voilà certainement une mauvaise nouvelle pour les réseaux Visa et MasterCard, mais aussi pour le paiement sans contact (NFC), qui avait pourtant le vent en poupe en Pologne, jusqu'à maintenant.
PKO Bank Polski a par ailleurs la ferme intention de rendre son porte-monnaie mobile encore plus hégémonique : après une extension à d'autres plates-formes (seuls l'iPhone et Android sont aujourd'hui supportés), elle prévoit notamment de l'ouvrir aux non clients mais également d'y ajouter de nouvelles options de paiement (parking, transports en commun...), des coupons de réduction, la gestion de fidélité... La vision de la banque est tout simplement de créer un standard (local) des paiements par mobile.
Information repérée grâce à Michal Kisiel, qui a l'immense avantage de comprendre le polonais (merci !).