Depuis quelques années, le film à sketchs connaît un regain d'intérêt dans le cinéma horrifique, au travers d'œuvres plus ( Trick'r Treat) ou moins ( The Theatre Bizarre) réussies. Avec The ABCs of Death, les producteurs Ant Timpson et Tim League, au travers du studio Drafthouse Films ( We are Four Lions, Wrong) se sont lancés dans un pari un peu fou: demander à 26 réalisateurs d'illustrer chacun une lettre de l'alphabet dans une courte histoire horrifique. Des réalisateurs plus ou moins confirmés ont été contactés, venant d'horizons et de pays variés (Etats-Unis, Japon, France, Canada, Espagne, Mexique, etc). Le résultat est une œuvre foutraque, forcément inégale, mais d'un dynamisme assez exceptionnel. L'article suivant détaille chacun des courts avec une courte analyse. Il est tout de même recommandé de voir le film avant de lire les lignes qui suivent, afin d'éviter les spoilers.
A is for Apocalypse de Nacho Vigalondo (le génial Timecrimes) ouvre le bal en montrant les efforts désespérés d'une femme pour assassiner son mari. Assez ironique et rempli d'humour noir, ce premier segment constitue une sympathique entrée en matière malgré une histoire finalement assez peu crédible.
Note : 5/10 Note : 6/10 Note : 6.5/10D is for Dogfight de Marcel Sarmiento (le dérangeant Deadgirl) est le premier coup de cœur de votre serviteur dans cette anthologie. Avec un pitch très simple (un combat organisé homme-chien) et visiblement très peu de moyens, Sarmiento parvient d'une part à proposer un court visuellement très léché, et surtout à faire naître une émotion inattendue lors d'un twist final bien trouvé, le tout sans aucun dialogue. Très fort.
Note : 9/10 Note : 5/10 Note : 3/10 Note : 4/10H is for Hydro-Electric Diffusion de Thomas Malling ( Norwejian Ninja) est un court complètement barré voyant s'affronter un chien et un renard humanoïdes (des acteurs costumés), le premier portant l'uniforme de la RAF et la seconde l'uniforme nazi. Le tout ressemble à une sorte de cartoon de Tex Avery live, dans lequel les deux personnages s'en envoient plein la tronche dans un duel sans merci. Très étrange mais plutôt rigolo.
Note : 5.5/10I is for Ingrown de Jorge Michel Grau joue sur l'horreur sociale, comme dans son soporifique Ne nous jugez pas, en montrant le calvaire subi par une femme lentement mise à mort par son mari. Néanmoins plus réussi que le premier long métrage du réalisateur, ce segment assez glaçant bien que plombé par une voix off fatigante est plutôt marquant.
Note : 6/10 Note : 4/10 Note : 5/10 Note : 8/10 Note : 3/10N is for Nuptials de Banjong Pisanthanakun ( Shutter) est un rafraîchissant sketch comique, simple mais efficace. Le scénario est des plus classiques (un homme offre un oiseau parleur à sa fiancé, mais le volatile raconte beaucoup plus de choses qu'il ne devrait), mais l'exécution est bonne, le timing comique parfait et on rit de bon cœur.
Note : 7/10O is for Orgasm de Bruno Forzani et Hélène Cattet ( Amer) est dans la droite lignée du premier film du duo français: très joli visuellement, fétichiste en diable, entièrement porté sur le sexe, et à moitié incompréhensible. Tout le monde n'accrochera pas, mais on ne peut nier que le duo a un style bien à lui.
Note : 5/10 Note : 9/10 Note : 8/10 Note : 6/10S is for Speed de Jake West de Jake West ( Doghouse) transcende lui aussi son budjet réduit avec une bande bourrée d'action dont le véritable sens ne sera révélé que dans un twist final bien trouvé, jouant sur le double-sens du mot "Speed".
Note : 6/10T is for Toilet de Lee Hardcastle, vainqueur du concours destiné à choisir le 26 e réalisateur de l'anthologie est un petit bijou d'humour et d'horreur, entièrement réalisé en animation image par image. Jouant sur les peurs enfantines et prouvant qu'on peut illustrer le mot " toilettes " sans tomber dans le scato (certains des autres réalisateurs de l'anthologie devraient en prendre de la graine), T is for Toilet est une éclatante réussite.
Note : 8/10 Note : 7/10 Note : 7/10 Note : 3/10 Note : 8/10Y is for Youngbuck de Jason Eisener ( Hobo with a Shotgun) conte lui aussi une histoire sans paroles. Eisener délaisse le gore rigolard de ses précédentes œuvres pour illustrer ici avec une certaine finesse un scénario assez dur et poignant.
Note : 8/10 Note : 2/10Au final, The ABCs of Death tient plutôt bien ses promesses et offre au spectateur un intéressant panorama de l'horreur mondiale. Certes, de par sa nature même, le résultat est assez inégal, mais sur les 26 courts présentés, les totalement ratés ne sont pas si nombreux, et le film recèle quelques perles justifiant à elles seules le visionnage pour tout fan d'horreur qui se respecte.
Note globale : 6/10