One man show écrit par Jarry et Frédéric ChoquetMis en scène par Pierre-Yves Touzot
Le pitch : « En moyenne, nous changeons sept fois de métier dans notre vie »… Jarry en a testé, vécu et subi cent-deux ! Il nous embarque dans son univers totalement Atypique. Venez vivre avec lui le prochain.Un homme comme lui, on en croise rarement ; surtout à Pôle Emploi… Oups, on vous en a déjà trop dit !Une dernière information importante pour saisir certains mouvements corporels du spectacle : oui, Jarry a été majorette…
Mon avis : « A-TY-PIQUE »… Le titre de son spectacle est on ne peut mieux justifié car il définit tout à fait le personnage qu’est Jarry sur scène. Décortiquons-le, ce titre. Il faut prendre le « a » placé devant « type » dans son sens privatif, bien sûr. En effet, Jarry n’est pas le type le plus viril de la terre, du moins dans sa façon de jouer. Et enfin il y a le mot « pique » qui tient une place prépondérante dans son one man show. C’est un peu comme si la reine des abeilles, atteinte d’une sorte de frénésie printanière et jubilatoire, se mettait à planter son dard un peu partout avec un plaisir non dissimulé. Il adore piquer, aiguillonner… Sur scène, Jarry folâtre. Il est dans un espace de liberté qui n’appartient qu’à lui. Ne s’autorisant aucune limite, il y fait ce qu’il veut. Il ne ressemble à aucun autre humoriste. C’est aussi ce en quoi il est si « atypique »…
Lorsqu’il surgit, avec son petit sac-à-dos rose « Princesse » qu’il a dû subtiliser à une gamine, il impose immédiatement son tempo et marque son territoire. Un terrain de jeu qui ne se restreint pas qu’à la scène mais qui s’étend sur toute la salle de la Comédie des Boulevards, salle convertie par son bon plaisir en espace d’accueil de Pôle Emploi. Jarry joue avec le public ; il le séduit, le provoque, le déstabilise et, surtout, le fait rire aux éclats. Extraverti, totalement décomplexé, il y va à fond avec une générosité et une débauche d’énergie ébouriffantes. Le visage très expressif, le corps en caoutchouc, il nous fascine avec une gestuelle complètement « atypique ». La voix sucrée, des postures maniérées, il saute comme une danseuse étoile, se tord les bras comme une fillette éplorée, parle avec les mains comme dix Italiens. Ce garçon bouge comme personne.
En dépit de ses nombreuses digressions, de sa gourmandise pour les allusions grivoises (il a toujours l’homo pour rire), de ses poses aguicheuses (avec lui, c’est de l’hilare ET du cochon), son spectacle est réellement construit. Tel une chatte, il récupère régulièrement le fil rouge qu’il a dévidé de sa pelote et retombe systématiquement sur ses pattes.Jamais vulgaire, assumant sainement sa libido exacerbée, s’émerveillant des courbes de son corps, il a un côté presque enfantin qui le rend aussi drôle qu’attendrissant. Outre ses étonnantes facultés physique, il se révèle être un excellent mime. Il a dû s’empiffrer de cartoons dans sa jeunesse pour restituer des personnages aussi expressifs dans leurs délires.