A propos de 20 ans d’écart de David Moreau
Virginie Efira et Pierre Niney
A Paris, Alice Lantins (Virginie Efira), 38 ans, est écrivain et travaille pour le magazine de mode « Rebelle » dont elle rêve de devenir la prochaine rédactrice en chef. Seul hic, sa cote de popularité est en déclin, notamment auprès de son patron Vincent (Gilles Cohen). Il faut dire que depuis son divorce (elle est mère d’une petite fille), Alice s’est repliée sur elle-même. Coincée pour ne pas dire un brin psycho-rigide, la bientôt quadragénaire accuse le coup. Un jour, elle rencontre, sur un vol d’affaires retour du Brésil, le beau et charmant Balthazar (Pierre Niney), étudiant en architecture, âgé de seulement 20 ans. Alice se fait alors souffler à l’oreille que sortir avec le jeune homme lui permettrait sûrement de redorer son blason auprès de son chef. Et d’obtenir sa promotion…
Belle surprise que cette comédie au ton tantôt léger, tantôt grave voire grinçant. Co-écrite et réalisée par un jeune réalisateur plutôt habitué aux films d’horreur (The Eye, 2008, Ils, 2005), 20 ans d’écart est une comédie « douce-amère » dans laquelle on ne rit pas aux éclats, mais qui touche principalement par le jeu tout en finesse du duo interprété par Pierre Niney (à nouveau drôle et excellent) et Virginie Efira, à l’aise et convaincante…
Virginie Efira
Pourtant, la lenteur du rythme et de la mise en scène laissait craindre le pire au début du film et qu’on n’allait pas rire aux éclats mais plutôt s’ennuyer. Il n’en est rien. L’intrigue se concentre autour d’une belle (et encore jeune) blonde ambitieuse à court d’idées pour passer un échelon dans son travail. Au delà du jeu irréprochable d’Efira (dans le rôle de l’arroseuse arrosée) et de Niney, le film tire sa force de son scénario. 20 ans d’écart, c’est l’histoire d’une pseudo-liaison amoureuse qui va en devenir une vraie. Le ressort de cette comédie romantique, c’est la relation faussée (puisque basée sur un mensonge) qui s’instaure entre Balthazar et Alice. Alice a fait croire à Balthazar qu’elle a succombé à son charme alors que ce dernier est vraiment tombé amoureux d’elle. Cette ambiguïté est la clef de voûte du scénario et l’une des raisons principales de la réussite du film. Si 20 ans d’écart n’est pas une comédie immémorable, elle est assez pétillante, drôle voire émouvante par endroits (car bien jouée) pour mériter le détour.
C’est une comédie gentille, certes « mignonne » et pleine de bons sentiments mais qui pose ça et là des questions plus graves, plus grinçantes sur le côté artificiel des milieux de la mode et de l’art contemporain par exemple ou sur la solitude des hommes et des femmes à l’aube (ou pas) de la quarantaine. 20 ans d’écart n’a pas été tourné en numérique mais à l’aide d’une caméra 35 mm anamorphique datant des année 1950, ce qui confère à l’image un grain rétro, une beauté pastique et un charme désuets que renforce le Ain’t that a kick in the head de Dean Martin à la fin du film. Tout, de la photographie, confiée à Laurent Tanguy, aux tenues de Virginie Efira, renvoie à l’élégance des comédies romantiques américaines, en noir et blanc, des années 1950. On est dans une sorte d’hommage (ne manqueraient plus que les apparitions de Cary Grant et d’Audrey Hepburn) qui n’empêche pas à 20 ans d’écart de trouver son ton personnel tout en étant bien ancré dans son temps avec cette histoire de « cougar » et d’amour improbable qui, par le biais d’une entente parfaite entre Niney et Efira, devient crédible.
Si l’on ajoute la présence de seconds rôles savoureux (Charles Berling en père soixante-huitard et je-m’en-foutiste ou Gilles Cohen en patron de magazine efféminé et superficiel), on est là face à ce qui s’appelle une comédie parfaitement ficelée, pesée et emballée…
http://www.youtube.com/watch?v=FeKmAgyyP6M
Film français de David Moreau avec Virginie Efira, Pierre Niney, Charles Berling, Gilles Cohen… (01 h 32)
Scénario de Amro Amzawi et David Moreau :
Mise en scène :
Acteurs :
Compositions de Guillaume Roussel :