Vingt-six ans que l’on attendait avec impatience, un nouvel album de Philémon. Le diable du peintre fut, en effet, publié chez Dargaud en 1987 et depuis lors nous n’avions plus aucune nouvelle du jeune homme au pull rayé. Dans ce seizième tome de la série, Le train où vont les choses… nous retrouvons tous les héros de Fred, mais aussi tout l’univers onirique et poétique de l’auteur.
Il avait dessiné le début de cette histoire, il y a 25 ans, mais quelques problèmes de santé l’ont fait dévier de son but, terminer en beauté les aventures de Philémon.
Pourtant, l’éditeur, nous avait fait patienter, en publiant trois très belles intégrales reprenant les 15 volumes de la série, en 2011. Tout était réuni pour nous replonger dans l’univers fantastique et unique de Fred, créé en 1965 dans Pilote. Les lecteurs faisaient connaissance avec le jeune Philémon, Barthélémy, Félicien, ainsi qu’avec un bestiaire haut-en-couleur et des créatures toutes plus fabuleuses les unes que les autres. A l’époque, cette série apporta toute sa fraicheur au magazine.
La question était de savoir comment Fred allait-il boucler la série ? Allait-il encore nous enchanter grâce à cet ultime épisode ?
Dans le brouillard qui recouvre le marais, Philémon rencontre une drôle de machine, improbable cocktail de ferraille et d’animalité : la légendaire lokoapattes — celle qui marche à la vapeur d’imagination et tire le train où vont les choses. Mais justement, elle ne marche plus, elle s’est embourbée car Joachim Bougon, chauffeur de lokoapattes de père en fils, s’est assoupi un instant. Et pendant que Bougon bougonne, Philémon cherche une idée pour la faire repartir.
Ce seizième tome achève en beauté l’aventure d’un p’tit gars à pull rayé, qui, tombé au fond d’un puits en 1965, a passé sa vie à voyager dans le monde des lettres, le monde des deux soleils. Cette histoire se termine d’ailleurs au plus près de ce fameux puits, comme un clin d’oeil. La boucle est bouclée.
Dans Le train où vont les choses, le Grand Prix de la ville d’Angoulême en 1983,réunit tout ce que l’on apprécie dans Philémon : de l’humour , de la poésie, de l’absurde, de la mélancolie, de l’imaginaire hors normes. Graphiquement c’est toujours impeccable. Tout est là pour achever une merveilleuse histoire débutée il y a 48 ans. Une œuvre unique dans le monde de la bande dessinée.
Un petit brin de nostalgie nous effleure en repensant aux quinze autres volumes de la série, que je vous recommande vivement de lire ou de relire afin d’en savourer toute la délicatesse et la richesse.
- Philémon, tome 16 : Le train où vont les choses…
- Auteur : Fred
- Editeur: Dargaud
- Prix: 13,99 €
- Sortie: 22 février 2013