Crispant. Voici qui dit que nous pensons totalement faux, et que cela risque de nous coûter cher : MEADOWS, Donnela H., Thinking in systems, Chelsea Green,
2008. Une introduction à la dynamique des systèmes.
Qu’est-ce qu’un système ? Des « éléments », « interconnectés », le tout tendant à
réaliser un « objectif ». La
« structure » qui constitue
le système ne lui permet que certains types de « comportements ». Exemple ? Le thermostat.
Le monde est fait de systèmes, alors que nous croyons à la ligne droite. Du coup nous nous enfonçons dans des cercles vicieux. Un des plus remarquables est peut-être celui du PIB, « en résumé, il mesure tout sauf ce qui rend la vie digne d’être vécue ». Quand au libre échange, il est naturellement instable et conduit au monopole. Et notre enfer est
pavé par notre génie. Pas assez de poissons pour des pêcheurs ? Le progrès
leur permet de mieux nettoyer les fonds. Résultat : le poisson ne se
renouvelle plus. Parmi beaucoup d'autres exemples.
Il y a même des typologies de pièges. Quelques préférés.
« Le transfert de charge »,
d’abord. Plus l’on s’occupe de vous plus vous vous laissez aller. Mal français et de son Etat tuteur ? Plus on vous soulage d’un symptôme plus
sa cause vous prend sous sa coupe. Aussi, il y a la « dérive vers la médiocrité ». C’est peut-être ce qui
arrive au monde. On ne voit que ce qui se dégrade, « des attentes de moins en moins élevées, moins d’efforts, moins de
performance ».
A vrai dire, l’on y met du nôtre. Par exemple, nous recherchons
la stabilité alors, qu’au contraire, il faut de la diversité. En effet, plus le
système est complexe, plus il est résilient, plus il est durable. La particularité des systèmes est qu’ils ont des points
faibles, sur lesquels agir. Intuitivement, nous savons où ils sont. Mais,
curieusement, nous faisons le contraire de ce qu’il faudrait.
D’ailleurs, ça semble le message du livre. Il faut changer radicalement d’attitude
à la vie. On ne peut faire évoluer un système si l’on ne le prend pas dans son
intégralité. Or, nous sommes devenus petits, médiocres, myopes et mesquins. En un mot : anti-systémiques. Nous devons prendre une vue aussi large que
possible. Une vue qui embrasse le très long terme, le large espace, toutes les
disciplines, la rationalité et l’intuition. Qui remette tout en cause. Qui aime
la complexité, et l’incertitude. Et surtout redevenir exigeants, rechercher la
perfection, et retrouver une moralité sourcilleuse.