Moi j’aimais bien les chats de Séchas. J’aimais bien leur humour acerbe, leur critique douce-amère; j’en aimais bien aussi la forme, la manière dont ils s’inscrivaient dans l’espace, dont ils le transformaient. Ça n’était pas juste rigolo, c’était peut-être un peu répétitif, un peu attendu, mais c’était toujours agréable de les découvrir à nouveau. Et Professeur Suicide (ci-contre) est une pièce merveilleuse et profonde.
Je peux comprendre qu’au bout de dix ans, l’artiste, un peu par lassitude, un peu craignant la lassitude du marché, se dise qu’il doit changer. Je peux comprendre qu’alors il tâtonne, il expérimente, et je veux bien trouver ça émouvant, intéressant, prometteur. Je ne suis pas un fanatique des chats, un nostalgique dogmatiquement conservateur de son ancienne manière.
![Je suis triste (sans chats et malgré un centaure) centaure_mourant-bourdelle.1208034247.jpg](https://media.paperblog.fr/i/62/621115/suis-triste-sans-chats-malgre-centaure-L-6bHBmN.jpeg)
Je passe vite sur l’horloge (’Gong’) qui tourne à l’envers, sans grand intérêt, et, arrivé dans la première salle de peintures et dessins, je me dis “tiens, on a ressorti ses premiers travaux des années 60″. Sauf qu’il est né en 1955, que les cartels disent 2007 ou 2008, et qu’il y a six salles comme ça. Six salles de dessins et de tableaux qui naviguent entre Pollock et l’Ecole de Paris, un disciple tardif de Mathieu.
![Je suis triste (sans chats et malgré un centaure) sechas2.1208034233.jpg](https://media.paperblog.fr/i/62/621115/suis-triste-sans-chats-malgre-centaure-L-DFBJUA.jpeg)
Tout au bout est projetée une vidéo sur son travail. Il est frappant de voir Séchas heureux, espiègle devant ses oeuvres anciennes, et le même, abattu, l’oeil triste, mendiant l’indulgence du spectateur devant ses nouvelles toiles. Le critique qui l’interviewe a l’air tout aussi dubitatif, et l’avant-propos au catalogue de la directrice du musée n’est guère plus convaincant, excepté sur le Centaure mourant. C’est triste.
Les deux oeuvres de Séchas représentées ici ne font pas partie de l’exposition (Professeur Suicide et Capitaine Cat). © Alain Séchas, ADAGP. Les images seront ôtées à la fin de l’exposition le 24 août.