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4 ans après Paris-Brest, Tanguy Viel revient avec un nouveau roman publié aux Editions de Minuit. Rare sont les écrivains dont j'achète les yeux fermés leurs romans sans même savoir si le sujet me plaira. Le seul problème avec cet écrivain, c'est que ces romans se lisent trop vite. Avalé donc en quelques heures avec délectation.
Tanguy Viel a se talent de dérouler ses pensées, comme s'il nous parlait face à face "par écrit". Sa pensée, les mots coulent naturellement et l'on suit son cheminement d'écriture. D'autant plus dans ce roman où il s'adresse directement au lecteur (chose qui d'habitude me rebute mais qui là est fait de telle manière que cela ne m'a pas dérangé, cela m'a même plu au contraire). Récemment, comme je faisais le point sur les livres que j'avais lus ces dernières années, j'ai remarqué qu'il y avait désormais dans ma bibliothèque plus de romans américains que de romans français. Pendant longtemps pourtant, j'ai plutôt lu de la littérature française. Pendant longtemps, j'ai moi-même écrit des livres qui se passaient en France, avec des histoires françaises et des personnages français. Mais ces dernières années, c'est vrai, j'ai fini par me dire que j'étais arrivé au bout de quelque chose, qu'après tout, mes histoires, elles auraient aussi leurs place ailleurs, par exemple en Amérique (...) Ce sont par ses mots que commence le roman. Tanguy Viel nous dévoile son travail d'écrivain en nous parlant d'un livre qu'il est en train d'écrire et dont les personnages et l'intrigue se passent aux Etats-Unis. Il nous explique ses choix de lieux, d'intrigue, dans quel ordre il désire présenter ses personnages, ses doutes vis-à-vis de la perception qu'en aurait le lecteur avec tel ou tel scénario. Cette mise en abîme est très réussie de mon point de vue. Une sorte de making off qui serait aussi intéressant que le roman en lui-même. Tanguy Viel m'a une nouvelle fois conquis en offrant un hommage ludique au "roman américain" en citant ses lectures (Phlip Roth, Joyce Carol Oates, William Faulkner...et j'en oublie) en utilisant habilement les clichés sur ce que doit comporter impérativement un roman américain selon lui (une histoire d'adultère notamment). Pour ce qui est du titre donné au roman, Tanguy Viel s'en sort avec une belle pirouette à la fin de son roman. C'est plutôt bien vu.