Le socialisme à la sud-américaine

Publié le 08 mars 2013 par Wtfru @romain_wtfru

Hugo Chávez est décédé à l’âge de 58 ans le mardi 5 mars 2013. Le leader charismatique sud-américain au pouvoir depuis 14 ans aura su résister à un coup d’État,  aux contestations populaires de sa fin de mandat et à l’impérialisme occidental.

L’occident perd ainsi un adversaire de taille grâce auquel la révolution cubaine est maintenue en vie. Les démocraties occidentales ont diabolisé et ridiculisé sa manière de diriger la République bolivarienne du Venezuela qu’il avait lui même crée en 1999 après avoir fait voter par référendum un nouvelle constitution au lendemain de sa première élection en 1998.  Il était, selon l’opinion vénézuélienne « le miroir inversé à partir duquel les âmes bien pensantes des pays occidentaux construisaient leur propre image de démocrates honnête ». Tous, sans exceptions, ont tenté de négocier avec lui en lui chatouillant le dessous du menton à coup de dollars pour son sous sol riche en hydrocarbures. Son administration a alors répondu de manière très ferme et brutale en soutenant le régime de Mahmoud Ahmadinejad et son programme de développement nucléaire ou encore l’ancien dictateur Mouammar Kadhafi. Allié inconditionnel de La Havane, c’est là-bas qu’il tentera de soigner son cancer.

Dès 2002, il lance de vastes programmes sociaux financés par l’or noir : il veut faire de sa patrie le premier État socialiste de la planète. Les « missions sociales » ont été crées dans un contexte de crise profonde. Selon les chiffres du gouvernement, de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Cepalc) et d’autres organisations internationales, entre 1984 et 1995, le nombre de pauvres est passé au Venezuela de 36 % à 66 % de la population. Par ailleurs, entre 1981 et 1997, la participation des pauvres à la richesse du pays a reculé de 19,1 % à 14,7 %. Et, en 1998, 70 % de la population n’avait pas accès au service de santé ou n’était couvert par aucun système de sécurité sociale, et la majorité des adolescents et des jeunes avait déserté l’école. L’électrochoc Chávez était donc vital pour une population de plus en plus dans le besoin.

En 2007, il nationalise les organes principaux du pays pétrole, électricité et télécoms. C’est également l’année durant laquelle il fera face à sa première défaite électorale : les vénézuéliens rejettent une réforme constitutionnelle qui aurait supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels. Néanmoins, sa réélection est autorisée par référendum en 2009.

Même si, prévoyant, M. Chávez avait pris soin de désigner Nicolas Maduro comme héritier avant de partir pour La Havane, sa disparition laisse d’innombrables questions quant à sa succession. A la fois charismatique et autoritaire, Hugo Chávez avait entamé de profondes réformes au Venezuela, notamment sur le plan de la justice sociale. La nationalisation des principales sources de revenus stratégiques du pays et la redistribution des richesses reste le coup de maître du Comandante Chávez. Il a taclé les obstacles de manière très rude avec pour trame de fond des exactions envers quiconque se dresserait sur son passage emportant avec lui toutes les limites de l’État providence et des nationalisations forcées.