Dorothée Werner (France)
A la santé du feu est mon premier partenariat au sein de Livr@ddict en collaboration avec les éditions JC Lattès.
Mon opinion sur ce roman ne va pas être simple pour moi; il y a à cela deux bonnes raisons:
1. le sujet: la maladie, sa propre maladie. Ici, la narratrice raconte son vécu devant la maladie, le cancer, ses doutes, ses angoisses, l'attente de la confirmation, son combat intérieur...
2. le style; des phrases courtes, cinglantes comme peut aussi l'être le mal qui la ronge. Entre le parler et l'écriture rapide sans re-lecture.
Je vais un peu développer pour commencer le second point.J'ai adoré le style! Par moments, je lisais quelques pages et je pensais à Céline, son langage si proche du parler. A d'autres c'était "le festin nu" de William Burroughs et ses délires psychotiques. Il faut s'accrocher à ce texte, il y a des passages difficiles à suivre tant l'esprit de la narratrice s'évade, part dans tous les sens. On parle d'un sujet et on passe à un autre sans trop de transitions et on revient au premier...
Moi j'ai beaucoup aimé mais je pense que certains lecteurs, plus jeunes ou moins ouverts, auront de la peine à poursuivre et ce serait dommage.
Le sujet, maintenant, m'a laissé plutôt perplexe. Parler de sa maladie est un acte très personnel qui, je pense, doit être bénéfique au malade. Peu importe de quoi l'on parle, du bien ou du mal que l'on peut écrire sur telle ou telle personne. Par contre, intéresser un lecteur ne sera pas simple.Dorothée Werner m'a touché souvent, ennuyé voire révolté quelques fois mais c'est normal; chacun devant une telle injustice, aura un comportement unique.
Je n'ai pas aimé que la narratrice ne parle que très peu de ses enfants, de ses amis, qu'elle se focalise surtout sur elle-même... mais elle ne dit quasiment rien sur elle, son travail, où elle habite...
J'ai aimé ses interrogations, ses sautes d'humeur, ses coups de gueule, sa quête d'espoir en dehors de la médecine conventionnelle...
Bref, j'ai passé un très agréable moment de lecture. Un tout grand merci aux éditions JC Lattès pour ce partage et à Livr@ddict pour l'organisation.
Le début:
"Le 1er jour.Je meurs peut-être bientôt. Au prochain rendez-vous, le médecin l’annoncera-t-il d’un air gêné ? Il prendra des pincettes, bouche tordue, il pèsera laborieusement chaque mot, te donne pas tout ce mal, vieux, je comprendrai au quart de tour : catastrophe intergalactique, sortie de route définitive, tragédie banale, chagrin et rideau. Mais pas sûr. Alors, je serais toute ouïe et plus que ouïe, j’agripperais ma chance fissa et je me faufilerais entre les griffes du mal sans demander mon reste."
Synopsis:
Comment vivre avec une bombe à retardement sous la peau ?
« Laissez-vous faire deux secondes, fermez les yeux, imaginez qu un jour on vous apprend une catastrophe. Pensez à une scène précise, une heure de la journée, une lumière, une ambiance. Quelle est la différence entre la minute juste avant et celle juste après ? Vous êtes assis dans le même fauteuil, buvant le même thé dans la même maison, vous vous mouvez dans le même corps, vous n en souffrez pas plus que ce matin, pas moins non plus, tout est profondément familier, le soleil finit par décliner comme chaque jour, rien n a donc changé. Et pourtant si.»
Une fille passe un examen médical et paf, suspicion. Mais pas sûr. Elle a déjà connu d autres tempêtes sous la peau, mais ce jour-là fini de rire. Pour savoir ce que lui réserve son destin, il va falloir attendre. Attendre, la vache. Attendre un nouvel examen qui confirmera la catastrophe, ou bien qui l annulera. Dans quarante jours, la biologie tranchera.Ce livre est le journal, écrit à la première personne, de ce suspens existentiel, de ces quarante jours âpres et rugueux. La chronique d un espoir fou, la rage et l amour mêlés. Une enquête aussi, un pistolet sur la tempe, sur le pourquoi du comment, parce qu'il s agit de trouver une issue, et fissa.
Un récit aussi poignant qu'urgent sur l'attente et la solitude existentielle.
Editions JC Lattès (2013) - 315 pages