[Critique] AMOUR & TURBULENCES de Alexandre Castagnetti

Par Celine_diane
[AVANT-PREMIERE] 
Les producteurs avaient d’abord dans les mains un scénario américain intitulé « Stand by love ». Script qu’ont retravaillé Alexandre Castagnetti, créateur de La Chanson du dimanche et Nicolas Bedos, fils de et dramaturge dont c’est le premier grand rôle au cinéma. L’ambition (très embarrassante) de nous pondre un french movie à l’américaine n’est jamais dissimulée dans Amour & Turbulences. D’ailleurs, ça commence à New York, sur fond de petit air jazzy, avec la figure blonde inhérente à toutes les romcoms US. Ludivine Sagnier (que vient-elle faire ici ?) grimpe dans un taxi jaune, façon Meg Ryan époque Quand Harry rencontre Sally croisée Bridget Jones croisée Katherine Heigl. Nicolas Bedos, lui, incarne le beau gosse cynique, tombeur à la mauvaise réputation, goujat frileux à l’engagement. Un sous Hugh Grant pas aussi crédible que l’on veut nous faire croire. Les deux se sont aimés, séparés, détestés, et se retrouvent côte à côte dans un avion à destination de Paris. L’enjeu, bien sûr, demeure le même qu’à l’accoutumée : ils vont finir ensemble. Reste à savoir comment. De ce postulat de base, ô combien passionnant, calqué sur toutes les insignifiantes productions américaines des dernières années, Amour & Turbulences tire pourtant quelques bonnes choses : on pense notamment aux seconds rôles tenus par Jonathan Cohen (dans le rôle d’Hugo) et Clémentine Célarié (dans celui de la mère de Julie), des personnages bien travaillés, bien campés, bien plus amusants que le duo principal finalement. Le premier, d’ailleurs, offre la scène la plus intéressante du film : un renversement brutal de la comédie à la tragédie, opéré en une fraction de seconde et qui contient toute la solitude de notre époque. La seconde, elle, balance vannes et bons mots et vient aérer la dynamique un peu suffocante qu’installe le peu inspirant couple Bedos/Sagnier
Si les dialogues sont plutôt bien acérés- on reconnaît la marque Bedos, Castagnetti étant proprement dépossédé de son film- impossible de ne pas constater que l’ensemble est paradoxalement trop écrit. On sent dans tous les recoins des relents théâtraux mal adaptés à la légèreté du propos mis en images; des répliques de sketch appliquées sans chaleur qui viennent saccager le réel, mettant la vie et la drôlerie sous cloche, réduisant l’humour à un mécanisme, le cinéma à un collage. Forcément, cela agace. Pour réduire cette sensation de surplace, Amour & Turbulences ponctue ses sept heures de vol par des parenthèses du passé, et greffe des retours en arrière sur l’intrigue se déroulant dans les airs. C’est l’occasion d’y voir le couple se draguer, s’embrasser, se mentir, se déchirer. Il y a, aussi, tous les poncifs sentimentalo-insupportables du genre (la Tour Eiffel qui s’illumine, les morceaux pop qui s'enchaînent, des filles qui courent, dans les rues et en talons hauts, après leur amour perdu) que le scénario traite avec une fausse (et hypocrite) ironie. Rien d’autre à signaler. Cela se veut à vocation universelle ; ce ne sera pourtant que du romantisme de bas étage, une ambiance clonée, des réflexions assommantes (le couple peut-il survivre à l’ère de Facebook ?), et une superficialité, et c’est là le pire, même pas assumée par ses auteurs. Autant revoir le film de Rob Reiner. 

Sortie le 3 avril.