Les neuro-acousticiens faisant des études sur des patients atteints de symptômes acouphéniques ou d’hyperacousie, observent une dégradation progressive de la socialisation, des troubles de l’humeur et du comportement au fur et à mesure que les acouphènes s’installent durablement, et particulièrement lorsqu’ils sont de plus en plus intenses au niveau sonore.
Les bruits auditifs et les pertes d’audition monopolisent votre attention au point de décrocher totalement au milieu d’une conversation, de ne plus vous en rappeler un traître mot ou d’être sujet à des troubles de la mémoire.
Le Dr Franck Lin, ORL et épidémiologiste, à la faculté de médecine Johns Hopkins dans le Maryland, décrit ce phénomène comme étant de la « charge cognitive ». Le cerveau est tellement occupé à traduire les sons en mots qu’il semble incapable de formuler une réponse.
Dans un article publié en 2011 dans le journal médical The Archives of Neurology, il a découvert avec son équipe de chercheurs un lien étroit entre perte d’audition et démence. Le Dr Lin résume ainsi ses travaux : « Par rapport aux individus possédant une audition normale, ceux souffrant d’une perte d’audition légère, modérée et sévère, ont respectivement 2,3 et 5 fois plus de risques de développer une démence au cours de l’étude. »
Sans aucun doute, l’aide qu’apporte la thérapie sonore ou un appareillage auditif adapté (prothèse, générateurs de bruit blanc, implant cochléaire) a un impact positif sur l’équilibre psychique car ces techniques cognitives ou technologiques rétablissent l’expression et la communication.
Un seul conseil : restez ouvert au monde extérieur, ne vous isolez pas, ne vous protégez pas en permanence des bruits et accueillez tout nouveau soin avec bienveillance et optimisme !
Philippe Barraqué
musicothérapeute
docteur en musicologie
Le blog des acouphéniens
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Sources : The New York Times 26/02/13, Katherine Bouton