L'autre jour, en fouillant dans le placard à la recherche de ma deuxième chaussure (pour les curieux : non, je ne l'ai jamais retrouvée), je suis tombée une sac acheté à Béziers l'été dernier, avec des photos de Serignan, Valras plage, etc, imprimées dessus. Bref, le sac qui m'a inévitablement rappelée mes vacances avec mon ancien copain. Je n'ai pas ressenti de nostalgie ou de tristesse, j'ai simplement fait une constatation. Je me suis dit : "C'étaient des vacances géniales, quand même. J'ai passé de bons moments". Puis, ça m'a un peu frappée : "A quoi me servent ces souvenirs maintenant ?".
C'est peut-être assez bête comme question, voire même sans intérêt. Mais je ne sais pas, ça m'a perturbée. Je crois que j'ai du mal avec le fait qu'après coup, un souvenir n'ait plus d'autre utilité qu'être "bon". Juste, c'est un bon souvenir, et puis voilà. Et puis quoi ? On a donné de notre temps, de notre énergie, on était heureux, et maintenant ça ne sert plus à rien ?
Un peu stressée de ces questions casse-bonbons, j'ai tenté de trouver quels intérêts pouvaient avoir ces souvenirs, mis à part le fait d'avoir été agréables à vivre sur le moment. Et je n'en ai pas trouvé. Et ça m'a encore plus perturbée. Je réfléchis trop.
Pourtant, quand j'y réfléchis, je préfère avoir vécu ces jolis moments même s'ils ont pris fin un jour, plutôt que de n'avoir rien vécu. Je préfère ça, car sur le moment, ça me faisait du bien. Sur le moment, je croyais à un avenir fait d'aussi beaux instants. Et je n'aurais pas voulu me priver de ce bonheur sur le moment.
Je suis bien au courant de l'idée très répandue que les souvenirs, les événements passés font de nous ce que nous sommes actuellement, qu'il soient bons ou mauvais. Les mauvais vous apprennent les erreurs qu'il faut éviter à tout prix de reproduire, vous font grimper de quelques crans sur la merveilleuse échelle du "J'apprends que la vie n'est pas comme dans les séries cuculs". Et les bons ?
Ils font partie d'un ensemble. Un ensemble de moments. J'aime bien penser que peut-être ces quelques bons souvenirs inutiles sont une sorte de récompense. J'ai vécu une relation très fatigante moralement, très éprouvante physiquement lorsque le moral se barrait en cacahuètes, et il est évident que les mauvais moments ont davantage contribué à mon évolution que les bons. Alors voilà, peut-être que sans les bons moments, je ne serais pas là. Déjà que notre relation ne cassait pas trois pattes à un canard, s'il n'en était resté que des trucs moches, j'aurais pété un violent câble et ça aurait giclé d'un peu partout. Et je ne serais peut-être pas là, heureuse, capable d'avancer et sereine à envisager mon avenir.
Je suis contente. Je leur ai trouvé une certaine utilité, finalement. Le simple fait que ces bons moments existent a finalement permis aux mauvais de m'apprendre la vie sans me mettre complètement en morceaux. C'est sans doute un genre d'équilibre... Non ?
(Cet article n'est pas sponsorisé par la ligue des gens qui se posent trop de questions cons, mais ça aurait pu.)