Pour un obscurantisme, contre les lumières

Publié le 08 mars 2013 par Tchekfou @Vivien_hoch

Tribune libre de Jean Dùma

Finalement, j’aime l’obscurité. J’aime imaginer ce que devaient être nos églises sans leur flot de néons et de lumières impitoyables. Car les nefs claires et les bas-cotés lumineux ont été conçues unplugged, sans artifice électrique, sans mensonge photonique. Et ces ombres changeantes, ces recoins on l’on pleure et l’on se cache, ressemblent plus aux tourments de mon âme que les places nettes et les rangées de bancs claires.

Ainsi, dans la métaphore de la clarté et de l’ombre, il me semble que le discours moderne sur l’homme a perdu cette intimité d’avec le jeu des mouvances et des tourments intimes, pour s’acoquiner avec le discours tranché et extérieur des Lumières. Et ce mensonge de la modernité touche autant certains dans l’Eglise que beaucoup dans le monde. En niant la vérité des tréfonds, ses mouvances et ses élans vers à la fois le sublime et l’incarnation, vers le plus beau et pire, en y plaquant un modèle aussi subtil qu’un cuirassé prussien dans les eaux de la Baltique, le modèle de l’homme moderne finit par générer un dysfonctionnement général, moral, spirituel, politique, économique.

Simplement, en niant la grâce et la faute, l’économie ôte de son champ la morale, pourtant au coeur d’un développement durable pour les générations futures. En refusant de parler à temps et contretemps de cette même grâce dans les âmes (*) et en refusant de promouvoir le libérateur sacrement de réconciliation et pénitence, certains dans l’Eglise refusent la réconciliation de l’irréconciliable humanité avec son Dieu d’amour. En refusant d’admettre les flux de la conscience , la politique encadre la morale dans un champ législatif inflationniste, parfaitement inhumain.

Bref, j’aime l’obscurité des églises déconnectées, car elles reflètent mon âme plus qu’un hall de gare électrifié.

(*) depuis combien de temps a-t-on parlé en chaire de l’âme ? Dans ma cathédrale briochine, jamais entendu…

Et qu’on me pardonne ce titre racoleur…