Polémiques sur les rachats d’entités économiques par des puissances étrangères

Publié le 08 mars 2013 par Infoguerre

Les récentes révélations du journal France Football, le 29 janvier dernier, a engendré  une déflagration auprès de l’opinion publique. Celles-ci sont de nature à compromettre le soutien économique potentiel, et bienvenu,  dans une période de disette de finances publiques. Le rachat du club de football Paris Saint Germain a révélé à la lumière la puissance financière du Qatar. Déjà, le  socialiste Julien Dray et le député UMP Lionel Luca ont vivement pris position contre l’accroissement de l’influence du Qatar en France.

La stratégie affichée du Qatar
Le Qatar mène une stratégie de diversification de ses activités en vue d’anticiper la rente du pétrole et de stabiliser un soutien international à son régime. Fin 2011, le sultanat avait fait savoir qu'il s'intéressait, après le secteur sportif et médiatique, aux banlieues françaises, auxquelles il voulait dédier à l'origine un fonds de 50 millions d'euros. La création de ce fonds d'investissement avait été annoncée à la fin de 2011 par l'ambassadeur de l'émirat à Paris, Mohamed Jahan Al-Kuwari. Cependant, l'initiative avait été reportée avant les élections en France, afin d'éviter son instrumentalisation politique.
Bien que l’état du Qatar soit  est un émirat sous la dominance exclusive de la famille Al Thani ne reconnaissant, cet état s’est investit en 2011 dans le combat contre les forces libyennes du colonel Kadhafi,  aux côtés des troupes occidentales. Pascal Boniface rappelait sur son blog les évolutions de la politique Qataris : « Accusé d'être, via Al-Jazira, le porte-parole de Ben Laden, le Qatar héberge la base militaire de Centcom, à partir de laquelle est partie la guerre d'Irak en 2003. Soutenant fortement le Hamas, il a, jusqu'à la guerre du Liban, hébergé un bureau d'affaires israélien et accueilli en 2008 Tzipi Livni, alors ministre des Affaires étrangères d'Israël, dans une conférence internationale. Il joue le rôle d'intermédiaire entre les factions soudanaises. Il participe activement à la reconstruction du sud du Liban, en bonne intelligence avec le Hezbollah. Ces contacts ne sont pas contradictoires, le Qatar est pragmatique, il discute avec tous ceux qui comptent. Là où l'Arabie saoudite veut faire du prosélytisme religieux, le Qatar tient compte des rapports de forces et se conforme aux réalités de terrain pour défendre son intérêt national. Lorsqu'un bureau des talibans est ouvert à Doha, cela n'offusque pas les Américains, mais leur permet au contraire de nourrir des contacts utiles pour l'avenir. Le Qatar maximise son influence là où il peut. Il le fait donc avec les mouvances islamistes, mais n'y limite pas son horizon » (le 16 février 2012).

Le Qatar mène une stratégie d’investissements massifs en Europe grâce au vecteur du fonds d'investissement souverain de l’émirat, le Qatar Investment Authority (QIA). Cette stratégie est déclinée en  Europe du sud : en Italie, une structure baptisée IQ Made in Italy Venture est dotée de 300 millions d'euros, versés à parts égales par la Qatar Holding LLC et le FSI, une holding contrôlée par la Caisse des dépôts et prêts italienne. En Grèce, un accord cadre pour faciliter les investissements a été signé en 2010. Et, En octobre 2011, le fonds souverain Qatar Holdings a investi notamment  plus de 750 millions de dollars dans deux mines d'or en Grèce Le mois précédent, le fonds souverain Qatar avait investi 500 millions d'euros dans le secteur bancaire grec en permettant la fusion de la 2e et 3e banque du pays Alpha et Eurobank.

La France est devenue un terrain de jeu
En parallèle au développement des prises de participation Qataris, une politique d’investissements massifs de la Chine en France est à l’œuvre  (GDF Suez, Echosens, Château de Viaud, NFM Technologies, Conserves de Provence, MC Cormick France SAS, L’occitane, Rhodia, Adisseo, Eutelsat).  Dans cet ordre d’idée, le  nouveau rapport de la Chambre de commerce de l’Union européenne en Chine (« Rapport sur les investissements extérieurs de la Chine dans l'Union Européenne », EUCCC  Charles-Edouard Bouée, président Asie chez Roland Berger Strategy Consultants confirmait que  «  L’Europe fait désormais partie intégrante de la stratégie d’investissement des entreprises chinoises. Notre travail avec elles démontre qu’il s’agit d’une priorité pour ces entreprises et d’un véritable défi opérationnel », a déclaré, le 31 janvier à Pékin, Charles-Edouard Bouée, président Asie chez Roland Berger Strategy Consultants. Ainsi, En 2008, le volume des flux d’investissements chinois dans l’UE, qui s’élevait à moins d’un milliard de dollars US entre 2004 et 2008, a triplé pour atteindre quelque trois milliards de dollars US en 2009 et 2010, avant de tripler à nouveau et de s’établir à près de 10 milliards de dollars US en 2011 (7,4 milliards d’euros)
Bien que des signaux positifs aient été émis par le gouvernement socialiste français (pacte pour la compétitivité et la croissance, BPI, acte 3 de la décentralisation), la question de l’indépendance économique risque de se poser sensiblement au niveau européen et compliquer un processus de décision déjà obscurcis…