que nos vies aient l'air d'un film parfait, de Carole Fives

De quoi est faite notre vie ? De quoi sont faites nos vies ? Parents, enfants, divorce, séparation de la fratrie, paysages vus du train ou de l’autoroute marquant les retrouvailles avec l’autre parent plus que le voyage lui-même. Et ces lancinantes chansons captées à la radio ou sur des disques qui nous racontent nos vies rêvées, « un film par-fait »… Personne, dans ce livre, n’échappe au regard de l’autre, chacun tente de trouver des excuses à sa propre existence, père triste, mère dépressive, sœur séparée du frère. Seul le frère reste silencieux jusqu’au dernier chapitre. Et c’est presque toute la tristesse qui s’en va, parce qu’on ne peut imaginer les ruses de la vie de l’autre pour être lui-même. Pas rattaché aux souvenirs des autres, mais construisant son propre chemin. Laissant la mule rétive risquer de mourir dans la neige (et je pense à Artax dans L’histoire sans fin s’enfonçant dans le marécage de la mélancolie), parce qu’il faut avancer pour ne pas y rester. Ne pas se laisser enfermer dans les manipulations et les trahisons familiales mais « croiser d’autres vies » pour « mettre à distance les angoisses ».