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Ayn Rand

Publié le 08 mars 2013 par Christophefaurie
Ayn Rand Ce blog m’a fait découvrir Ayn Rand. Et je viens de lire sa biographie. HELLER, Anne C. Ayn Rand and the world she made, Doubleday, 2009.
Une vie une œuvre 1905, Ayn Rand naît en Russie dans un milieu juif aisé. Son père développe la pharmacie de la famille de son épouse, qui, elle, est surtout préoccupée de pénétrer la plus haute société pétersbourgeoise. La révolution russe change tout. Déprimé par l’injustice de la nouvelle société, le père arrête de travailler. De manière inattendue, la mère d’Ayn Rand se révèle pleine de ressources. Elle nourrit la famille en traduisant en russe des romans prolétariens étrangers.  Ayn Rand va à l’université. Le nouveau régime n’a pas que des désavantages. Très tôt, elle a décidé de partir aux USA. La solidarité de sa famille étendue lui permet de s’y installer. En dépit d’un anglais approximatif, elle travaille comme scénariste pour Hollywood. Après quelques années un peu incertaines, pendant lesquelles elle est dépannée par sa famille américaine, et celle de son mari, un de ses livres, The Fountainhead, connaît un énorme succès. Ce qui sera aussi le cas du suivant, Atlas shrugged, qu’il lui faudra 13 ans pour écrire. Elle devient l’objet d’un culte. Elle est entourée de cercles concentriques de disciples. Monde totalitaire. Aucune contradiction n’est permise. Ceux qui lui déplaisent sont purgés. Mais, ce n’est pas le succès qu’elle attendait.
Ses idées Ayn Rand pensait être le plus grand philosophe vivant, voire le seul philosophe ayant jamais vécu. Son œuvre est faite de romans. Ses deux principaux parlent, respectivement, d’un architecte et d’un ingénieur. Elle prône « l’égoïsme » au sens « ego » du terme. L’être exceptionnel doit suivre le diktat de sa raison. Même ses émotions sont rationnelles. Son ennemi est « l’altruisme », i.e. l’idée que l’être de talent doit faire profiter de son génie la société, qui n’en a pas (Marx). Le surhomme contre la masse.
Ses suiveurs Elle croyait que les humains exceptionnels se retrouveraient dans son œuvre. Ce ne fût pas le cas. Ses admirateurs venaient des professions scientifiques ou techniques (ingénieurs, médecins…). Et elle était entourée d’un groupe de jeunes juifs qui semblaient rechercher chez une seconde mère un remède à leur immaturité. L’un d’entre eux, qui joue un rôle décisif dans la diffusion de son message, change même son nom en Branden, « ben Rand », fils de Rand !
Les recettes de l’individualisme Anecdote. Assez âgée, elle découvre que sa sœur préférée est en vie. Elle la fait venir d’Union soviétique. Mais voilà que cette sœur aime mieux l’URSS que les USA (au moins en URSS, on peut rêver de liberté !) ; qu’elle hait ses livres, mais recherche ceux de Soljenitsyne ; et que, lorsqu’elles étaient enfants, elle la considérait comme une tortionnaire ! Ayn Rand était incapable de comprendre l’autre. Toute son œuvre a consisté à rationaliser ce vers quoi la poussait son intérêt. Par exemple elle désirait prendre comme amant le jeune Nathaniel Branden, qui avait 25 ans de moins qu’elle. Elle a démontré à la femme de celui-ci, et à son mari, qu’il était logique qu’ils la laissent faire à son gré. C’est, d’ailleurs, peut être, « l’altruisme » qui est la raison de son succès. Non seulement, elle a oublié de repayer leur dû à ceux qui l’ont aidée à venir et à survivre en Amérique, mais ce sont les faibles qui ont acheté ses livres. Quant à son mari, qu’elle avait choisi pour son physique, elle en a fait un homme objet alcoolique. Comment naissent les individualistes ? me suis-je demandé. Peut-être en deux temps. Il faut d’abord l’amour d’une famille convaincue du génie de son enfant, et qui l’encouragera tant qu’elle le pourra. Puis survient le rejet de l’édifice social, lorsque les caprices de ce génie sont contrariés. D’ailleurs, étrangement, parmi les « injustices » dont elle se plaignait, le snobisme de sa mère et une histoire de jouets ont un rôle plus important que la révolution soviétique ! L’individualiste serait-il un agent du changement ? Il cherche à faire la société à son image. Et il est indestructible. Tous les revers ne sont que des injustices qui le renforcent dans sa mission. 

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