Dires et redires, par Alain Gagnon…

Publié le 07 mars 2013 par Chatquilouche @chatquilouche

Neobiotype, Antoine Levi Cicero

Le sujet en nous, toujours relié à l’Être par ce fil d’or qui, selon la Kabbale, unit encore l’humain à Dieu au cœur de la boue, du chaos, des pires turpitudes.  Ce sujet, donc, contient le moi.  Moi qui souffre de son ignorance et de son éloignement.  Poésies et musiques seront donc souvent mélancoliques et sombres, avec, çà et là, les embellies des rapprochements.

(Le chien de Dieu, Éd. du CRAM)

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Il est aussi dans la nature de l’humain de triturer la matière jusqu’à ce qu’elle crache quelques-unes de ses lois physico-chimiques que ce bimane rendra opératoires.  L’humain est à la fois l’inquisiteur et le transmutateur du réel.  Il n’est ni anaturel ni antinaturel ; il est surnaturel.  Par sa technique, il engendre une surnature.  Il se recrée et, ce faisant, il devient créateur d’une réalité aussi tangible que ce qui était déjà, mais étrangère à ce qui était déjà.  L’urbanité (comme courant littéraire, anthropologique, esthétique) est la résultante de la technique, de cette surnature en émergence.

(Propos pour Jacob, Éd. Triptyque)

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Esthétique et supramental. — [Sur un troisième plan, à l’intérieur de la personnalité, on trouve] le supramental (mental intuitif) qui régit l’intuition supérieure et dont les manifestations éthiques, religieuses, esthétiques sont plus subtiles — il n’appartiendrait qu’au règne hominal, et selon Sri Aurobindo, la mission de l’humanité consisterait à faire descendre la réalité supramentale au niveau de la matière et du mental ordinaire, et d’ainsi régénérer le monde[1].  En soi, on le voit à l’œuvre par l’émotion et la satisfaction qu’éveillent en nous la beauté, la bonté et la vérité.  Certains transposeront ces ressentis éthiques et esthétiques dans la beauté que l’on crée : musique, peinture, architecture, poésie…   Le supramental ouvre sur l’infini et permet à l’humain d’appréhender sa surnature, ce qu’il peut devenir, et ce que l’humanité sera demain.  Il est au-delà des mots, des définitions, ce qui rend difficile tout exposé à son sujet.  Il s’éprouve, ne se prouve pas.  Il s’expérimente à travers les intuitions déformées qu’il offre au mental ordinaire.

(Propos pour Jacob, Éd. Triptyque)


[1] Si on souhaite approfondir, lire d’Aurobindo La Vie divine, (4 volumes), Albin Michel.

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