J’ai senti la morsure du froid et la caresse du soleil sur ma peau.
J’ai senti le noeud dans mon ventre peu à peu se défaire et mon corps lâcher du lest, doucement, laisser retomber la pression et s’offrir aux virus, plier pour mieux renaître ensuite.
J’ai senti l’air pur de la montagne emplir mes poumons et les nettoyer, mon sang circuler à nouveau librement et redonner vie à mon corps.
J’ai senti mon esprit s’alléger à mesure que mes pas s’imprimaient dans la neige fraîche.
J’ai senti la vie gagner du terrain, tandis que les rires de mes enfants emplissaient l’espace.
J’ai senti le bonheur simple comme une boule de neige, un tire-fesses pris sans tomber, une piste dévalée sans s’arrêter.
J’ai senti la fierté un peu niaise des médailles gagnées, des premières cuillerées de légumes avalées avec appétit.
J’ai senti le plaisir d’un goûter partagé, du pain, du fromage, de l’authenticité. Du gâteau surprise au dessert.
J’ai senti la félicité, cet état où l’on a envie de fixer l’instant et de ne surtout plus rien changer, jamais.
J’ai senti le rire attendri des enfants dans mon dos, quand, chaque soir à la même heure, je m’exclamais « Encore une excellente journée! ».
J’ai senti mon nez rougir un peu sur la terrasse, il était temps de rentrer, reprendre la vie là où on l’avait laissée une semaine avant, mais plus forts de ce que nous avions partagé.