Un récent billet paru dans immateriel.fr, fait le point sur l'offre actuelle de e-books (je parle des machines) sur le marché à l'heure actuelle. Le moins que l'on puisse dire est que le bilan n'est pas fameux. Jugeons plutôt. Manifestement, quatre machines sont en lice : le Reader (ou plutôt PRS-505) de Sony, le Cybook GEN 3 de Bookeen, l'iLiad de iRex et bien sûr le Kindle d'Amazon. Je n'ai essayé aucun des quatre. En revanche, je suis dans la position d'un acheteur potentiel qui souhaite acquérir une liseuse, comme on dit, et donc en capacité de confronter cette offre avec un cahier des charges que je me suis défini.
un ipod du texte
Ce cahier des charges est très simple : je cherche ce qu'on pourrait appeler un ipod du texte ; c'est-à-dire, un objet léger, simple, résistant, sur lequel je peux lire toutes sortes de textes (livres, revues, presse), donc ouverts à des formats à peu près universels : pdf ou html, utilisant une technologie de type encre électronique et, si possible, pas trop cher. Je ne veux pas de fonction supplémentaire et sophistiquée. Avec cette machine, je veux seulement lire, comme j'écoute de la musique avec mon ipod. Pour faire des choses compliquées avec du texte, j'ai un ordinateur. Dernier point, cette machine ne doit pas être excessivement coûteuse ; je ne suis pas prêt à acheter plus cher qu'un ordinateur portable un outil dont les fonctions bien plus limitées.
Avec ce cahier des charges, je peux écarter d'emblée le Kindle d'Amazon. Celui-ci en effet ne sait communiquer qu'avec...le catalogue d'Amazon sur un canal qui lui est propre. J'aime beaucoup Amazon, je suis un gros et fidèle client d'Amazon, mais j'aimerais bien qu'il reste à sa place. Je ne suis pas prêt à lui abandonner la faculté de choisir à ma place ce que je dois lire. On ne peut qu'être étonné d'ailleurs de voir cette entreprise née dans la culture d'Internet tenter de prendre en otage ses clients avec une superbe stratégie de lock-in que ne désavouerait pas Microsoft. Vraiment très curieux. Bon, de toute façon, le Kindle n'est pas distribué en France (ni aux Etats-Unis du reste où il est en rupture de stock).
Deuxième candidat, l'iLiad. Pour celui-là, il faut se rendre sur le site du constructeur hollandais pour pouvoir le commander. C'est assez bizarre comme mode de distribution. Ce qui n'est pas bizarre du tout, par contre, c'est le coût d'achat de la machine : 649 euros ! c'est-à-dire plus cher qu'un portable bien équipé. L'offre d'iRex a beau être de bonne qualité, elle n'en est pas moins d'un coût exorbitant. Exit l'iLiad.
De qui se moque-t-on ?
Passons maintenant au Cybook de Bookeen : vendu à 350 euros, lisant toutes sortes de formats de fichiers, communiquant grâce à une interface wifi, la machine est attrayante. Las ! la page à partir de laquelle on peut l'acheter s'orne d'un magnifique encadré rouge avertissant le futur client qu'en raison de difficultés d'approvisionnement, il ne peut connaître la date à laquelle il sera livré. Sa carte bleue en revanche sera débitée immédiatement, elle. De qui se moque-t-on ?
Reste le Reader, ou PRS-505 de Sony. C'est finalement l'offre qui semble la plus viable. Elle a d'ailleurs rencontré un certain succès au Japon et aux Etats-Unis où elle est commercialisée depuis....plus d'un an ! Livres Hebdo croit savoir que Sony réfléchit à une commercialisation en France d'ici l'été, mais hésite sur la stratégie à adopter : via un distributeur exclusif ou non. Voilà qui ne présage rien de bon. Espérons que le prix américain de 300 dollars ne se transforme pas en prix européen à 450 euros, selon la logique d'un taux de change dont seuls les distributeurs exclusifs ont le secret.
Demain, demain, demain...
Cela fait huit ans que je m'intéresse au e-book. Il faisait l'objet d'un des premiers dossiers d'Homo Numericus en 2000 ! Déjà, à l'époque, on nous promettait pour très bientôt, très très bientôt, la révolution du livre électronique. Huit ans après, force est de constater que malgré les progrès techniques, on en est toujours au même point au niveau industriel et commercial : le consommateur potentiel ne trouve devant lui qu'une offre anémique, coûteuse, appuyée sur des circuits de distribution pour le moins alambiqués.
Or donc, messieurs les fabricants, marketeurs, distributeurs de tous poils ; ce e-book que l'on nous promet depuis si longtemps, cet ipod du texte que l'on attend avec impatience et qui est promis à un brillant avenir ; c'est pour aujourd'hui ou pour demain ?
Crédit photo : « escargot ? not me », par Peasap en CC By 2.0 sur Flickr