- La valeur de l’euro reflétant les difficultés du sud de l’Europe, l’Allemagne profite d’une monnaie sous-évaluée.
- Les entreprises des pays du sud (dont la France) ayant une stratégie prix plutôt que valeur (allemande), jouaient sur la faiblesse de leur monnaie pour assurer leur compétitivité. Ce n’est plus possible. De ce fait, l’Allemagne a probablement étendu son marché vers le bas de gamme.
- L’Allemagne est parvenue à réduire les salaires de ses employés. Ce qui n’a pas été le cas des pays du sud dont, curieusement, les courbes salariales se ressemblent (voir graphe de cet article). Paresseux européens du sud ou perfide Allemagne ?
- En outre l'euro a créé une sorte de bulle spéculative en Europe du sud, qui a profité à l'économie allemande.
Avec l’euro, l’entreprise du pays riche a accès à une main d’œuvre moins chère que la sienne, et tue ses concurrents des pays pauvres (voir raisonnement ci-dessus). Cela créerait un chômage insoutenable, si elle n'avait pas aussi intérêt à pousser son gouvernement à les sponsoriser. Car elle a beaucoup plus à y gagner qu’à y perdre. En effet, le prélèvement est réparti sur la nation. Autrement dit, elle n’en paie qu’une fraction. D’ailleurs ses concitoyens sont heureux d’être plus riches que les pauvres. Les seuls perdants sont les entrepreneurs (PME) des pays pauvres. Mais leur poids politique est négligeable. J’ai l’impression que ce mécanisme est en jeu au sein même des nations.
Si mon raisonnement est juste, cela devrait conduire à une désertification de l’Europe au profit de l’Allemagne. Curieusement, c’était un scénario envisagé par certains penseurs américains de la seconde guerre. A l’époque l’Amérique se demandait comment elle façonnerait l’Europe, de façon à ce qu’elle ne se batte plus. Pour Kennan, notamment, l’Europe continentale était l’espace vital de l’Allemagne. Son champ d’action naturel. L’Allemagne la pacifierait par le travail. Bien vu ?