Festival Chorus I. Portrait Mélanie Pain.

Par Anne-Laure Bovéron


Vendredi 11 avril 2008, sur la scène du Magico Mirror, sous la Grande Arche de la Défense s'est tenu la clôture de la 20e édition du Festival Chorus.
Au programme, Mélanie Pain, Keren Ann et Alain Bashung.


Un piano.
Une guitare.
Une batterie.
Une voix.
Elle s’avance doucement, comme sur la pointe des pieds. Petite fille fragile et intimidée, dans sa robe blanche aux manches bouffantes, sagement ceinturée de cuir dorée. Une large mèche brune plonge sur son front. Elle l’a replace, sans cesse. Et parfois, s’accroche à son micro. Comme à une bouée. Mais les notes glissent de sa bouche avec une déconcertante impression de facilité. Les huit chansons de cette première partie défilent, ravissantes, dans l’air du temps de la nouvelle scène féminine française. Sur des accords folk, Mélanie Pain place ses textes un brin désabusé. Amours déçus, perdus ou suspendus, temps qui passe et abîme autant qu’il pousse à grandir, horizons finlandais et missives d’amoureux qui ont raté le rendez-vous de leurs sentiments, manque, quête de soi, de l’autre… L’interprète livre son regard sur les petits riens du quotidien, du cœur, d’une vie nouvelle qui s’égraine. Pourtant, peut-être est-ce du aux arrangements musicaux, tour à tour emportés ou langoureux, rythmés ou légers, aux intrusions de maracas et autres harmonica et percussions ses compositions n’accablent pas le public. Il se laisse d’ailleurs aller à quelques mouvements de temps et ne boude pas les applaudissements. Quelques formules font mouches, interpellent, prêtent à sourire, d’autres touches. En douceur, toujours. Mélanie elle évolue sur scène avec aisance et simplicité, reprend sa chanson acapella, et échange quelques mots avec ses musiciens avant de s’adresser aux spectateurs.
     Dans la voix de Mélanie Pain traînent des nuances vocales et attitudes, un grain de voix murmurée mais claire qui n’est pas sans évoquer Emilie Simon, Björk, Françoise Hardy et bien sûr, Keren Ann. Dans le fond de son timbre un rien éraillé, une voix qui a déjà bien voyagé. Qui s’est notamment essayée aux côtés de Marc Collin et Olivier Libaux, sur leur projet de reprises Nouvelle Vague. Le concept est simple : reprendre d’anciens titres oubliés avec de nouvelles orientations et orchestrations musicales, de nouvelles voix. En 2000, timidement, elle pose sa voix sur This is not a love song et Teenage Kicks version Bossa Nova, et s’embarque sur la tournée, avec Camille, entre autres. En 2007, la jeune artiste rempile pour le second volet de cette expérience : l’album « Bande à part ». Il faisait cette année là la part belle aux morceaux new wawe des années 80. Son interprétation de Killing Moon et Blue Monday ont séduit. Bien que loin de ses études de Sciences Po, à Aix en Provence, Mélanie Pain n’est donc pas tout à fait novice dans la chanson et a déjà frôlé les planches de diverses scènes pour quelques morceaux live. Grâce à sa collaboration avec Villeneuve, elle semble avoir trouvé sa voie. Elle navigue entre mélancolie et sensualité, entre gravité et légèreté. Sous la grande Arche de la Défense, toute en retenue, elle danse sur scène. D’un pas lent et assuré. Elle virevolte au ralenti, et semble tirer mille bonheurs de chaque seconde. Son auditoire impromptu, patientant pour Keren Ann ou Alain Bashung, la suit sur la ballade qu’elle siffle en duo avec son pianiste. Doucement, tout doucement, dans l’ambiance feutrée des projecteurs, elle se promène en musique dans les recoins des sentiments humains.


Pour écouter Mélanie Pain
: http://www.myspace.com/melaniepain
Photos : Claire Berthelemy. Tous droits réservés.